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Critique de Biblioroz


Elle devait enfin pouvoir aller patiner au-delà de la rigole à purin, la figure enduite de graisse à traire contre le froid mordant, des sacs de congélation enveloppant ses pieds pour qu'ils restent bien au sec. Mais les vaches qui demandent toujours l'attention des parents en ont décidé autrement. Son frère Matthies, lui, part patiner sur le lac. C'est l'avant-veille de Noël, et sous le coup de la colère elle demande à Dieu d'épargner alors son lapin qui devait sûrement atterrir sur la table de fête, et de prendre plutôt son frère.
Et le vétérinaire vient leur annoncer la glace qui a cédé, la mort de Matthies. le vide s'est installé.
Les jours désormais sans Matthies elle nous les raconte. Depuis lors, elle tente de se protéger derrière sa parka, fermeture relevée jusqu'au menton, et retient ses selles comme signe de contrôle de toute perte. Elle aimerait pouvoir tout retenir.

A travers les propos de cette enfant, bruts, sans aucun frein ni édulcorant, ce roman relate un manque profond qui se creuse, jour après jour, dans cette famille néerlandaise. Pour la fillette, s'ajoute à sa culpabilité, un manque de tendresse, de regards, de marques d'intérêt de ses parents qui dérivent. Un manque de chaleur, de compréhension du vide laissé par ce frère disparu, un manque de mots posés sur la mort. Les rares paroles des parents sont uniquement des extraits de la Bible ou des condamnations de tel ou tel péché. Un manque d'amour, bien qu'elle garde dans sa chambre des crapauds pour guetter leur accouplement qui donnera peut-être l'espoir du retour de liens amoureux chez ses parents. Espoir d'éloigner la mort menaçante.

Ce mal-être est pesant, l'autrice a parfaitement su l'installer dans ses mots. Elle a une écriture nette, explicite, tantôt implacable, tantôt émouvante, mais toujours saisissante. La rudesse du milieu, le quotidien de la narratrice, sont extrêmement marquants. Les difficultés de l'enfant à se battre contre des ténèbres envahissantes sont poignantes. Au-delà des paroles de Dieu, les quelques remarques du père sont aussi rugueuses qu'une toile émeri.

Mais cette jeune autrice a-t-elle également voulu établir un climat malsain lié à ce silence autour de la mort ? J'ai trouvé qu'elle insistait, chapitre après chapitre, sur certains faits cruels ou répugnants avec une prolifération de détails franchement dégoûtants. L'insistance sur les conséquences de la constipation est vraiment rebutante. La fratrie (deux filles et un garçon), en plein éveil du désir, se livre également à de nombreuses découvertes sexuelles sur lesquelles l'autrice revient un peu trop souvent et qui semblent franchement obsessionnelles.
De ce fait, il m'est très difficile de noter favorablement cette lecture. Passée la moitié du roman, son côté déplaisant a pris le dessus et j'avais hâte d'en finir. Mais je ne doute pas que cet univers surprenant, parfois choquant, devrait immanquablement toucher et séduire bon nombre de lecteurs et lectrices.
Merci aux éditions Buchet/Chastel et à Babelio pour cet envoi.

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