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EAN : 9782283033364
288 pages
Buchet-Chastel (20/08/2020)
3.23/5   104 notes
Résumé :
À dix ans, la narratrice de Qui sème le vent vit en rase campagne aux Pays-Bas. Les repas de famille, les travaux de la ferme, les heures passées à observer les crapauds, tout devient par la grâce de son regard un fascinant terrain d’apprentissage. Mais quelques jours avant Noël, après avoir lancé un funeste présage à son grand frère parti patiner sur le lac, son monde va être brusquement bouleversé, tout comme celui de sa famille.

Au fil d’un texte p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,23

sur 104 notes
C'est l'hiver, glaciale. Noël.
Une ferme aux Pays-Bas, les Mulder, une famille nombreuse, "religieuse” ( église reformée néerlandaise ), des vaches qui “même quand elles ne réclament aucune attention, même quand elles sont casées, chacune à sa place dans l'étable, gavées et lourdaudes,... se démerdent pour faire office de force majeure”, et la gamine de dix ans de la famille qui nous raconte une enfance paysanne brusquement troublée par la mort du frère, suite à un accident.....

Dans une atmosphère rétro qu'on penserait du début du siècle dernier,
Où les enfants sont encore lavés dans un baquet à tour de rôle dans la même eau, des jours précis de la semaine, mais entre-temps jouent à des jeux vidéos, ou écoutent de la musique sur leur lecteur CD, et reçoivent deux euros tous les samedis en échange de leur aide à la ferme,
Où une statue de porcelaine de Jesus de la taille de papa trône à l'entrée, et la mère met du savon vert dans la bouche des petits qui prononcent des gros mots,
Il arrive au papa de dire "Nous sommes dans ce monde mais pas de ce monde ".

Une narration de la bouche d'un enfant est toujours attendrissante et poignante, surtout quand c'est bien écrit avec humour. Ce qui est le cas de ce livre à la superbe
couverture avec la parka rouge que la petite refuse d'enlever même à la maison, " ma parka en guise d'armure ". le seul bémol ayant été pour moi les nombreux jeux sexuels ( la petite et son frère ayant beaucoup d'imagination ) et la cruauté enfantines, qui bien que réalistes, ne m'ont pas vraiment fait sourire.
Il paraît que ce livre est un best-seller aux Pays-Bas et en Europe, pour moi une attribution négative pour un livre 😊, mais ici elle n'entre pas en jeu. Car à mon avis c'est un livre bien écrit, intéressant, avec une fin surprenante, dont je conseillerais la lecture. Et c'est le premier livre d'une écrivaine hollandaise de vingt-neuf ans qui travaille dans une ferme.

Un grand merci aux Éditions Buchet-Chastel et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.
#QuisémeLevent#NetGalleyFrance
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"Je ne crois au silence
A la peur et à l'absence
Non, je n'y crois pas" Grégoire, Chanson pour un enterrement.


Fâchée et sur son lit, la petite a peur que son papa ne tue "Bouclette", son lapin et prie:
"J'ai demandé à Dieu, s'il Vous plaît, prendre mon frère Matthieu à la place de mon lapin. Amen."


Matthis meurt effectivement sur le lac... Cette disparition, est comme une pierre qui ricoche dans l'eau, laissant des ondes se propager...La petite fille ne va plus quitter sa parka rouge. Et se poser des questions, car personne ne ne prend la peine de lui parler de souffrance...


Les parents se murent dans le silence et l'enfant va en souffrir.


"Personne ne connaît mon coeur. Plus personne ne se soucie de savoir s'il bat au bon rythme... Personne ne prend peur quand il s'arrête quelques secondes."


"Je ne crois pas à la mort
De l'esprit même si le corps
Lui, un jour s'en va" Grégoire.
A tous ceux qui nous ont quitté et pour nous qui restons là, les bras nus et le coeur... à sec!
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Merci à l'opération Masse critique et aux éditions Buchet-Castel pour cet étonnant premier roman.
***
Dérangeant, très dérangeant, ce premier roman d'une jeune poète néerlandaise de 28 ans, Marike Lucas Rijneveld… Dans la très courte première partie (une trentaine de pages) de ce roman qui en comprend trois, une narratrice à la première personne remonte deux années plus tôt pour raconter le drame qui a bouleversé sa famille. Elle a alors 10 ans. Elle vit dans une ferme qui semble éloignée de tout. Elle cherche l'attention de ses parents, éleveurs de bovins, protestants purs et durs, qui semblent incapables d'exprimer leurs sentiments envers leurs enfants. La narratrice a deux frères plus vieux qu'elle, Matthies, l'aîné, Obbe, le second, et une soeur, Hanna, la petite dernière. Elle soupçonne son père de vouloir tuer son lapin Bouclette pour le repas de Noël. Désespérée, elle fait une prière : « J'ai demandé à Dieu s'il pouvait, s'il Vous plaît, prendre mon frère Matthies au lieu de mon lapin. » Mais la veille de Noël, Matthies se noie pendant une compétition en patins à glace. Après…
***
Je ne sais pas si j'ai aimé ce livre, mais il m'a menée de surprises en étonnements, loin des moulins à vent et des paisibles canaux ! Là où est située la ferme, on est déjà dans un pays nordique avec des hivers très rigoureux. le début du roman se déroule en l'an 2000 (p. 16), mais parfois, à cause de la manière dont vit la famille, de la place accordée aux enfants et de l'omniprésence de la religion, on pourrait se croire au XIXe siècle malgré les références à la télé, aux jeux vidéo et aux machines agricoles. L'ambiance devient de plus en plus glauque avec le passage du temps. La culpabilité qui habite la narratrice la dévore et prend diverses formes. Elle se réfugie dans sa parka, qu'elle refuse de quitter, et en garnit les poches au fil de ses expériences : une tirelire cassée, quelques crottes de nez, un couple de crapauds qu'elle voudrait voir s'accoupler, etc. La sexualité des uns et des autres occupe une grande place dans ce texte cru et souvent scatologique. Comme la narration est à la première personne, ces sujets sont abordés avec les yeux d'une enfant, certes au courant des « choses de la vie », mais qui fait parfois preuve d'une certaine naïveté. Les soins du père et du frère pour venir à bout de la constipation chronique de la narratrice sont assurément révoltants. La petite fille observe les membres de sa famille dont le désespoir prend des formes diverses, et personne, sauf parfois sa soeur Hanna et son amie Belle (pauvre Belle !), ne peut lui apporter le moindre réconfort. le réalisme de l'écriture, l'attention apportée aux détails les plus crus provoquent intentionnellement un vrai malaise. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! On dit que les premiers romans portent souvent une grande part d'autobiographie. J'espère que ce n'est pas le cas ici… À lire, assurément, mais en étant prévenu qu'il faut parfois s'accrocher.
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QUI SÈME LE VENT,...

La glace a craqué sous les patins de Matthiès, son frère, depuis elle ne quitte plus sa parka et parle à ses crapauds.

Gelée à l'intérieur, personne ne réchauffera sa peine. Elle reste bloquée, son ventre est douloureux. On oublie son nom, elle n'existe presque plus ; à la ferme ses parents l'appellent Parka.
Par moment j'oubliais qu'elle était une fille, trimant comme elle le faisait aux travaux de la ferme, et son père n'ayant aucune pudeur envers elle.

Cette petite fille âgée de 10 ans au début du récit garde au fond d'elle ses interrogations, observe les animaux de la ferme, les crapauds, les lapins, calque leurs rapports sur ceux de sa famille.
Avec eux elle tente d'apprivoiser la mort, la sexualité, la violence, la peur, poussée en cela par la cruauté vicieuse d'Obbe, son autre frère.

Parka fait son apprentissage d'une façon bancale, violente. Ce mélange de naïveté et de pensées trop grandes, noires, glaçantes, est perturbant.
Elle apprend trop vite, pousse de travers, cachée sous sa parka. Sans tuteur, sans gestes d'amour ou d'affection, la solitude étend son ombre sur sa fragilité.

Si elle ne sait pas elle imagine, s'échappe au-delà du lac, au-delà du tas de fumier et des ténèbres qui l‘engloutissent. Parka, Obbe et leur petite soeur Hannah ont une vision trouble de la réalité, une vision déplacée de leur place au sein de cette famille protestante qui vit isolée dans la campagne néerlandaise.

Sans mots, sans réconfort et attention, de la part des parents au coeur glacé par le deuil, corseté par la religion, Parka dérive seule sur ce lac de chagrin, de culpabilité, de violence.

Des parents comme des icebergs, une mère meurtrie, aveuglée par la perte de son enfant, à demi morte, un père sec, aux moeurs qui semblent d'une autre époque, plus préoccupé des versets de la Bible et des soins à donner aux vaches, que de ses propres petits.

Des scènes dérangeantes qui font tourner les pages avec l'espoir de trouver plus loin un trou de lumière, de sortir de l'obscurité gelée, de briser ce malaise.

Que dire d'autre à part que c'est terriblement bien écrit. À travers les yeux de Parka, ses mots qui devinent, tâtonnent, touchent à la vérité, à la fragilité, on ressent la détresse emmitouflée, étouffée. On voudrait que quelqu'un lui vienne en aide, pas le vétérinaire au comportement louche, mais une personne qui lui donnerait un goût d'enfance, de sourire, de rêve. D'humanité. Quelqu'un qui briserait la glace des silences et gestes muets.
Une personne qui l'appellerait Jas.

... LÀ OÙ LES GENS NE S'AIMENT PAS,
RÉCOLTE LES CENDRES.


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Elle devait enfin pouvoir aller patiner au-delà de la rigole à purin, la figure enduite de graisse à traire contre le froid mordant, des sacs de congélation enveloppant ses pieds pour qu'ils restent bien au sec. Mais les vaches qui demandent toujours l'attention des parents en ont décidé autrement. Son frère Matthies, lui, part patiner sur le lac. C'est l'avant-veille de Noël, et sous le coup de la colère elle demande à Dieu d'épargner alors son lapin qui devait sûrement atterrir sur la table de fête, et de prendre plutôt son frère.
Et le vétérinaire vient leur annoncer la glace qui a cédé, la mort de Matthies. le vide s'est installé.
Les jours désormais sans Matthies elle nous les raconte. Depuis lors, elle tente de se protéger derrière sa parka, fermeture relevée jusqu'au menton, et retient ses selles comme signe de contrôle de toute perte. Elle aimerait pouvoir tout retenir.

A travers les propos de cette enfant, bruts, sans aucun frein ni édulcorant, ce roman relate un manque profond qui se creuse, jour après jour, dans cette famille néerlandaise. Pour la fillette, s'ajoute à sa culpabilité, un manque de tendresse, de regards, de marques d'intérêt de ses parents qui dérivent. Un manque de chaleur, de compréhension du vide laissé par ce frère disparu, un manque de mots posés sur la mort. Les rares paroles des parents sont uniquement des extraits de la Bible ou des condamnations de tel ou tel péché. Un manque d'amour, bien qu'elle garde dans sa chambre des crapauds pour guetter leur accouplement qui donnera peut-être l'espoir du retour de liens amoureux chez ses parents. Espoir d'éloigner la mort menaçante.

Ce mal-être est pesant, l'autrice a parfaitement su l'installer dans ses mots. Elle a une écriture nette, explicite, tantôt implacable, tantôt émouvante, mais toujours saisissante. La rudesse du milieu, le quotidien de la narratrice, sont extrêmement marquants. Les difficultés de l'enfant à se battre contre des ténèbres envahissantes sont poignantes. Au-delà des paroles de Dieu, les quelques remarques du père sont aussi rugueuses qu'une toile émeri.

Mais cette jeune autrice a-t-elle également voulu établir un climat malsain lié à ce silence autour de la mort ? J'ai trouvé qu'elle insistait, chapitre après chapitre, sur certains faits cruels ou répugnants avec une prolifération de détails franchement dégoûtants. L'insistance sur les conséquences de la constipation est vraiment rebutante. La fratrie (deux filles et un garçon), en plein éveil du désir, se livre également à de nombreuses découvertes sexuelles sur lesquelles l'autrice revient un peu trop souvent et qui semblent franchement obsessionnelles.
De ce fait, il m'est très difficile de noter favorablement cette lecture. Passée la moitié du roman, son côté déplaisant a pris le dessus et j'avais hâte d'en finir. Mais je ne doute pas que cet univers surprenant, parfois choquant, devrait immanquablement toucher et séduire bon nombre de lecteurs et lectrices.
Merci aux éditions Buchet/Chastel et à Babelio pour cet envoi.

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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
27 novembre 2020
Best-seller aux Pays-Bas, "Qui sème le vent" retrace une enfance confrontée au désarroi de parents endeuillés.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Derrière nous, la porte s’ouvre. Maman est en train de tester un fromage. Elle se retourne et pose la sonde à côté d’elle, près de l’évier.
– Pourquoi y a pas de café ? demande papa.
– Parce que t’étais parti.
– Tu vois bien que je suis là. Et il est bien plus de quatre heures.
- T’as qu’à t’en faire.
– Ce que j’ai à faire ici, c’est restaurer le respect ! À grandes enjambées, il sort en claquant la porte. La colère a des gonds qui nécessitent d’être huilés. Pendant quelques secondes, maman fait mine de se remettre à la tâche, puis, après un soupir, va tout de même préparer du café. Le quotidien ici se résume à du calcul mental : ainsi, le respect se compose de quatre morceaux de sucre et d’un trait de crème dans le café.
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Au milieu de la table du petit déjeuner trônait une petite corbeille à pain en osier, le fond recouvert d’une serviette rehaussée d’anges de la Nativité. Certains d’entre eux mettaient leur zizi à l’abri derrière une trompette, d’autres derrière une touffe de gui. Même en tenant la serviette à contre-jour de l’ampoule, je ne parvenais pas à voir à quoi le bidule pouvait ressembler ; je pariai pour une tranche de mortadelle roulée en cigare.
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– Regardez, celui-là ressemble au pasteur Renkema, visez un peu cette grosse tête, ces yeux globuleux. Et il n’a pas plus de cou que Renkema !
Sur sa paume, il tient un crapaud brun. On rigole, mais pas trop fort : on ne se moque jamais du pasteur, pas plus qu’on ne se moque de Dieu. Ce sont des amis intimes, mieux vaut être prudent.
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Hanna retire son visage, sa peau moite se décolle peu à peu de la mienne - laissant une couche de vaseline -, à croire qu'elle est l'un des corps célestes de mon plafond qui tombent de temps à autre, m'empêchant de faire un vœu puisque le cosmos n'est pas un puits à vœux mais une fosse commune : chaque étoile est un enfant mort, la plus belle étoile étant Matthies - maman nous l'a appris. Voilà pourquoi j'ai parfois peur qu'il tombe et atterrisse dans un autre jardin que le nôtre sans que nous n'en remarquions rien. Faut-il vraiment s'en inquiéter ? Il y a tant de nuits où les étoiles sont moins nombreuses dans le ciel.

p.182
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Les premières semaines qui ont suivi la mort de mon frère, je m'attendais à ce que papa le ramène, certes transi de froid, sur le porte-bagages. Que tout finirait bien. A présent, je sais qu'il rentre toujours à la maison sans personne sur son porte-bagages et que Matthies ne reviendra pas, pas plus que Jésus ne descend jusqu'à nous sur un quelconque nuage.
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