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Critique de myrtigal


Film marquant du début des années 90, Sister Act 2 est depuis très longtemps l'un de mes films préférés, j'ai dû le visionner au bas mot au moins cent fois. Et dans ce film il y a une scène dans laquelle soeur Marie-Clarence (Whoopi Goldberg) prête un livre à Rita (Lauryn Hill) pour lui redonner confiance en sa vocation de chanteuse, et ce livre vous l'aurez deviné (ou peut-être vu) n'est autre que Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Et c'est ce qui m'avait donné envie de le lire depuis bien longtemps, puisqu'il était cité dans mon film favori alors ce livre devait forcément être remarquable.
Si cette anecdote fait partie de mon histoire personnelle, les lettres de Rilke, elles, n'ont pas attendu le cinéma pour entrer dans la postérité. Depuis 1929, date de leur première publication, elles ont fait le tour du monde.
Et pour cause, la richesse et la valeur de cet échange épistolaire est auréolé d'une aura universelle, intemporelle.
Lorsque Franz Kappus prend la plume pour confier à un poète qu'il admire les doutes dont il est emprunt concernant la qualité de sa poésie, il trouvera mieux. Rilke lui répondra - réponse célèbre et en l'occurrence celle mentionnée dans le film - que ce n'est pas à lui qu'il doit demander s'il peut devenir poète mais que cette réponse se trouve en lui. Si écrire lui est un besoin vital, alors il est écrivain.
Un conseil qui révèle la très grande humilité de son auteur, qui au lieu de se placer en maître envers un élève choisit de se poser d'emblée comme son égal. Après cette première lettre se sera donc un véritable échange d'homme à homme, d'âme à âme qui s'engagera entre les deux. Débuté sur la question de l'écriture artistique, leur conversation les conduira finalement vers la vie dans sa multiplicité.
Et c'est précisément en ça qu'elle est si riche pour tout lecteur, de tous lieux et de tout temps.
La solitude, la tristesse, l'enfance. Trois thèmes qui forment en quelque sorte la trame des ces échanges, des thèmes que l'on sent fondamentaux pour Rilke. Comment composer avec la solitude que l'on endure ? L'accueillir tout simplement. La tristesse ? Un monde à explorer. L'enfance ? Une source à retrouver. On lit et on se rend compte qu'il n'a pas tord. À quoi bon lutter, nous apprend-il, contre les émotions considérées comme négatives, vouloir les supprimer, puisqu'elles nous enseignent le plus. Comme si Rilke voulait nous montrer qu'il y a en nous des trésors, cachés sous la boue.
Il évoque également la lecture, Dieu, l'amour, la sensualité, et même — ce qui est stupéfiant — une égalité rêvée entre les sexes qui cesseraient de s'opposer comme des contraires pour se rejoindre comme semblables humains.
Tout cela est bien plus encore. Ces lettres sont d'une richesse inestimable, elles sont à lire et à relire au cours d'une vie. Rainer nous parle à travers le temps, nous guide, nous accompagne. C'est bouleversant.
Comment tant de sagesse, de recul et de maturité ont-elle été possibles à seulement 28 ans ? Rainer nous répond :
«Ne croyez pas que celui qui essaie de vous réconforter vit sans peine parmi les mots simples et calmes qui parfois vous font du bien. Il y a dans sa vie beaucoup de peine et de tristesse, dans cette vie qui reste loin en-deçà de vous. Si, à vrai dire, il en était autrement, il n'aurait jamais pu trouver ces mots. »
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