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Critique de ALDAMO21


Je connaissais Blandine Rinkel avec son roman puissant « Vers la violence ».
« Les abus gris » est un texte court mais dense qui fût écrit bien avant le roman sur la violence du père.

J'ai rencontré dernièrement, cette auteure au festival Clameur(s) à Dijon et à l'occasion d'une rencontre littéraire, où la jeune femme a parlé de son souvenir de ses 20 ans.
Une histoire qui me fût hallucinante à écouter et par la suite à lire dans les détails.

- Comment une jeune fille de 20 ans, alors qu'elle se promène dans un parc à Londres, ayant une connaissance limitée de l'anglais, puisse suivre un couple qu'elle ne connait pas ? L'homme se disant photographe.
- Pourquoi est-elle restée seule avec cet inconnu dans cette maison londonienne ? L'épouse s'étant brusquement éclipsée.
- Pourquoi cette jeune fille s'est-elle prêtée à l'objectif de l'inconnu, s'est-elle déshabillée à sa demande, même si quelque part elle trouvait cette situation gênante.
- Pourquoi Blandine, 20 ans, a-t-elle accepté de se mettre complément nue et prendre des poses très lascives ? Toujours à la l'invitation de ce photographe inconnu à l'objectif , bien que la jeune fille trouvât ces demandes indécentes.
*

Ce sont les grandes questions, ce malaise enfoui, les interrogations, que Blandine Rinkel se posera quelques années plus tard, lorsqu'elle aura pris le recul nécessaire pour analyser cette situation inconcevable et invraisemblable qu'elle vécut en 2007.
L'auteure par une fine réflexion, éclaire le lecteur sur ce moment de shooting photos, qu'elle a vécu presque en sidération, comme si elle avait été plongée dans « une zone grise. »
*

Cette fameuse zone où toutes choses n'apparaissent ni blanches, ni noires.
Une zone si particulière où toutes choses échappent au contrôle de la personne qui s'y trouve, inhibant tous ses jugements.
Une zone d'inconfort où Blandine Rinkel troublée par une foule de sentiments contraires, n'a pas su définir où était la part de sa responsabilité et celle du photographe. Qui n'a pas su dire « non » au moment où il fallait le dire.
Comme si l'auteure avait été sous l'emprise de son photographe et qu'un rapport très ambigu de victimisation et de séduction s'était établi entre la jeune modèle et l'oeil voyeur de l'objectif.
*

Blandine Rinkel n'a jamais accusé cet homme d'avoir été le chasseur avec son appareil photo et qu'elle en fusse le gibier.
Mais avait-il eu une agression avec cette demande incongrue qu'elle se dénude ?
L'auteure fait un constat et raconte ces faits tels qu'ils se sont passé dans cet appartement à Londres, surprise elle-même d'avoir donné son consentement. Surprise d'être restée pour la raison de peut-être ne pas décevoir.
Et que piégée par ses propres sentiments confus, elle devait continuer de prendre la pose pour séduire ce photographe, celui qui l'avait choisie parmi tant d'autres, pour en faire son modèle.
*
J'ai trouvé ce texte et ce récit d'une grande honnêteté et d'une très profonde intimité. le livre me fut très troublant !

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