(...) on m'avait, dans l'adolescence, appris à avoir du mépris pour les jeunes femmes et leurs tourments. Si j'en étais une, il fallait le masquer par un mépris de soi constant, que, dans les milieux intellectuels - je l'avais découvert en arrivant à Paris -, on confondait avec une force morale.
Ce photographe, parmi deux ou trois autres, a profité de cette logique interne, qui, je crois, est celle de nombreuses personnes : "Mais toi tu n'as pas peur comme les autres, tu n'es pas une chialeuse, tu es SPÉCIALE", disent-ils. Montant les femmes les unes contre les autres pour mieux en abuser. J'ai mis du temps à détricoter la perversion qu'il y avait là-dessous.
(p. 14)
Dans 'Notes to self', Emilie Pine raconte qu'un homme ayant abusé d'elle le justifiera plus tard en lui disant : "C'est à cause de ces ondes que tu renvoyais." Puis elle ajoute avoir pleuré, des années plus tard en comprenant "que ces ondes qu'elle renvoyait, c'était seulement d'être jeune, vulnérable et femme".
(p. 14-15)
Dans la vie courante, on se représente
un homme viril comme plein de force, un dominateur ; mais une autre acception de la virilité, en son sens antique, c'est ne pas avoir besoin de contraindre qui que ce soit. Être viril, ce serait, enfin centré, ne pas avoir besoin d'exercer sa force sur l'autre.