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Critique de bobfutur


Julián Ríos fait peut-être un peu peur. Avoir en main son chef-d'oeuvre « Larva » peut rapidement entraîner des comparaisons avec Joyce, ou autres écrivains « avant-gardistes », et le cantonner dans ces quartiers brillants mais reculés de ces impénétrables intellectuels…
Sa bibliographie traduite en français se partage entre les éditions José Corti et Tristram, pour abonder dans ce sens… Et il est relativement peu lu chez nous… alors qu'il réside en région parisienne depuis un bail, proche selon lui de l'ombre de Flaubert

Première approche pour moi, avec son dernier livre en date, revenant une bonne décennie plus tard sur un événement médiatique (historique pour certains…) majeur de la fin du siècle : la mort de Lady Di.

Une couverture assez astucieuse, où chacun comprend instantanément de quoi il est question ; le temps (et donc le kitsch) étant passé par là, ce Pont de l'Alma pourrait à nouveau rimer avec son zouave, mais une effigie façon Barbie — nous rappelant le caractère totémique de Diana Spencer — la rattache encore (in)consciemment à ce lieu plutôt morne de la capitale.

Une dernière chose avant de parler du texte (mon petit plaisir « bibliophile »), cet exemplaire provient d'une « sortie des collections » de la bibliothèque municipale « centre-ville » de St-Brieuc.

Ce roman est bien l'oeuvre d'un auteur immensément cultivé : il nous parle de peinture, de littérature, d'histoire, y établissant multiples correspondances, à la manière de ces gens dont l'intellect déborde de culture, au point que chaque image, lieu ou instant les renvoient automatiquement vers d'ad-hoc références.
Son centre de gravité éponyme, avec un narrateur principal installé à proximité, dans l'année qui a suivi le drame, observant au quotidien la flamme de la liberté devenue chapelle ardente spontanée, racontant l'histoire de ces personnages la fréquentant avec assiduité, caressant les délires et les larmes, les fleurs et les messages, y braquant sa plume sur l'un, pour mieux s'en échapper, vers d'autres histoires, nées de ces coïncidences qu'il recherche avec avidité.
Car c'est là le coeur du texte : parler de ces destins à la manière d'un biographe, entre quidam imaginé et figures historiques, points de rencontre réalité / fiction, vapeurs complotistes permettant de refuser les hasards, comme éternelle recherche de sens.

Le caractère assez éclaté du texte s'inscrit logiquement dans cette recherche littéraire ; dite par différentes personnes, nous contant l'histoire intime d'autres, à la manière de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, envoyant s'encastrer le lecteur parfois mal concentré, quelquefois lassé de cette surabondance de « significatif » au milieu de cette infinité humaine, comme si une armée de paparazzi suivait chacun de nous, avec la même assiduité que pour « La Lumineuse ».
Bien-sûr, l'érudition n'est pas à brocarder, mais elle ancre un peu trop cette histoire dans une forme de catalogue, déroulant les vies, de Céline à Braque, de Daguerre à Pynchon ; voyageant du Chabanais à Varangeville, du bordel au cimetière, sans oublier, bien-sûr, la famille Al-Fayed.

Texte d'une grande richesse de sous-entendus, de jeux de langue plutôt bien traduits, d'une structure circulaire assez déroutante, avec quelques reproductions photographiques et graphiques, ainsi qu'une certaine parenté avec l'univers de Roberto Bolaño.
Tous ceux venus pour un livre sur l'imbroglio gallois en ressortiront forcément déçus, bien que Rios réussisse joliment à leur poser des questions…
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