Il ne s ‘agit plus d’effectuer un pas de coté ou d’examiner des pans du passé oublié, mais de sortir de la continuité historique qui estompe, efface, écarte l’essentiel des événements non advenus ou encore inaccomplis. Des actions et des idées de toutes sortes, foisonnantes, ont surgi au cours de l’histoire puis ont disparu, non seulement de la connaissance du passé mais également des mémoires. Il serait certes totalement présomptueux d’imaginer pouvoir, un jour, les récupérer toutes dans leur diversité. Mais quelques pistes peuvent être ouvertes.
L’origine de la liberté universelle, pour tous et pour toutes, est sans cesse recherchée, mais n’est mise en œuvre que dans les interstices de l’histoire linéaire dans des moments d’exception, au temps des insurrections ou dans des périodes de déstabilisation du pouvoir établi comme entre 1830 et 1835
La domination sociale, séparée du politique, sera réalisée en toute impunité d’autant mieux que le sens du mot liberté sera confisqué par les seuls détenteurs de la souveraineté dans l’exercice du gouvernement des hommes
J’ai souhaité, dans cet ouvrage, suivre les traces des pratiques éphémères de la liberté dans l’histoire du XIXe français, en découvrant les échos dont elles étaient porteuses dans le reste du monde – autant d’histoires oubliées, dans tous les continents, et qui restent aussi largement à écrire.
il nous suffit de faire exploser la continuité historique qui trop souvent nous aveugle, pour retrouver ces « innombrables vérités latentes ».
penser l’historicité, c’est décrypter le processus de fabrique de l’histoire dans l’expérience conflictuelle des interprétations d’où émerge le sens commun, afin de retrouver le mouvement réel de l’histoire dans les conditions de son émergence
Dans ces moments d’appropriation des principes émancipateurs – dans le temps actif, il est vrai très court, des révolutions dont il est à la fois l’acteur et le sujet -, l’homme libéré des entraves de la loi et des hiérarchies sociales, réconcilie le citoyen avec le souverain ; il reprend ses droits sans plus de distinction entre la société civile et la société politique
séparer les revendications sociales des revendications politiques ne fait sens qu’aux yeux de ceux qui, avant et depuis la Révolution française, étaient ou sont devenus des hommes vraiment libres
L’idée républicaine s’est délitée en perdant ses formes populaires et n’est plus qu’un simple moyen de gouvernement
l’émancipation se conquiert et s’accorde pas