AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de vincentf


Comme si un livre de Robbe-Grillet pouvait être simple... Tout a l'air simple mais tout se mélange. Nous raconte-t-il sa vie ? Invente-t-il n'importe quoi ? On passe d'une description du paysage vu de la fenêtre de l'écrivain au récit mystérieux des aventures d'Henri de Corinthe durant la première guerre mondiale, puis l'auteur justifie les scènes sado-maso de ses films, démontrant presque qu'elles sont les garantes de la moralité de son oeuvre.

Quand ment-il ? Sans cesse et jamais. le lecteur le suit, malgré lui, entraîné sur la pente des fantasmes d'un auteur qui place tout (et n'importe quoi) sur le même plan. Les très jeunes filles qui hantent l'oeuvre et sans doute la vie d'Alain Robbe-Grillet sont toujours torturées et ne sont jamais violées. Dans les scènes les plus horrifiantes, jamais racontées de manière horrifiante, jamais vraiment racontées puisque toujours plus ou moins figées, transformable à tout instant en photographie ou en tableau, il y a toujours chez Robbe-Grillet quelque chose comme de la pudeur, un voile, une non-réalisation, toujours partielle parce qu'il y a aussi toujours voyeurisme, dévoilement et réalisation du fantasme.

Le texte réalise et ne réalise pas les fantasmes, raconte et ne raconte pas la vie de l'auteur, invente et n'invente pas un monde. Quand, à la fin du roman (comment envisager ce texte autrement que comme un roman ?), l'auteur décrit une scène réelle qu'il dit être à l'origine d'un de ses romans, faut-il le croire ? Robbe-Grillet est-il le Mathias du Voyeur ? Est-il vraiment un assassin, lui le tueur du roman ancien, lui le violeur des formes figées de la tradition (pseudo ?) réaliste ? Question absurde tant l'adverbe "vraiment" ne signifie rien pour Robbe-Grillet, mais qu'on ne peut s'empêcher de poser, tant la mise à plat de la réalité et du fantasme opérée par l'auteur de la Jalousie paraît suspecte à notre esprit qui nie au fantasme toute réalité, afin justement que le fantasme ne devienne pas réalité. C'est pourtant toujours la réalité qui devient fantasme avant que celui-ci ne redevienne réalité.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}