Citations sur Ceci n'est pas une chanson d'amour (24)
« A vrai dire j’attends une amie, dit Carlo. Mais je serai sage, oui, avec elle, il n’y a rien à faire… »
Complicité masculine. Idéaux de coup de coude au comptoir. Coups d’œil aux nénés qui passent. Des médiocres performances de subalterne vendues comme des exploits épiques de champion.
Hommes.
Carlo se dégoûte, mais on lui a dit que c’est comme ça qu’on fait.
C’est ça qu’ils attendent, les autres hommes.
Quand un homme avec un pistolet rencontre un homme avec un verre de whisky....ben, on n’a pas besoin de Sergio Leone pour comprendre qui va gagner.
Il n’y a pas mieux qu’un pistolet braqué sur vous pour reconsidérer certaines choses. Voilà . Elle. Carlo pense qu’il ne la reverra jamais plus , ce sera pour de vrai , et ce ne sera pas de sa faute , cette fois-ci.Il imagine son petit discours, tu sais, chérie, cette fois-ci, c’est différent....enfin ...on m’a tiré dessus. C’est tout .
Et les lumières aussi , cette pénombre de piano-bar de province. Ce n’est pas bien , se dit Carlo , on est où, là ? Dans un film italien ?
Et , pour tout dire , il aurait choisi un autre album pour ce moment. Une occasion spéciale. Ça n’arrive pas tous les jours de se faire tuer .
Au cou, un bijou d’argent très précieux, des émeraudes enchâssées, des pierres de jade, et un pendentif d’ambre qui capte tout cet azur et ce rose qui se disputent le ciel.
Helver lui a dit que ça appartenait à une reine sinti, il y a très longtemps.
Et il l’a offert à elle, à personne d’autre, vraiment à elle.
L’amour fait faire de ces choses.
Mais il y a parfois des aubes, et pas si rarement, où un bleu pâle à couper le souffle se dispute l’horizon avec un rose qui ne veut pas partir, et c’est une danse qui vaut la peine d’être vue.
À côté de la longue roulotte, Hego parle bas avec le vieux. Presque tout le monde dort encore, et ils ne veulent pas faire de bruit.
De ce musée des horreurs, du Luger à la crosse dorée de Hermann Göring et des drapeaux de mes couilles des massacreurs de femmes et enfants, de la petite villa de Samarate, du ciel toujours allumé de l’aéroport de Milan qui se trouve à Varèse. Loin de la chaise sur laquelle est assis Sergio De Magistris mijotant dans sa transpiration, dans sa pisse et dans sa peur.
Il veut juste s’en aller.
Carlo Monterossi, L’Homme Qui Fuit.
De toutes les conneries que cet idiot a faites, y compris les assassinats, les fusillades en plein jour en plein centre-ville, la balle dans la tête d’un agent de la circulation, un enfant mort de ses brûlures, une brave dame qui rentrait chez elle à scooter tuée par un coup sec de BMW, la chose la plus grave semble être d’avoir allumé un iPad.
Voilà, il y a toujours un moment, en politique, où les squelettes sortent du placard. Maintenant, c’est le moment. Maintenant, il n’y a plus le temps pour les débats parlementaires, ni pour les interrogations, ni pour les appels crève-cœur et les admonestations sévères.
Et puis, leur mère ne leur a jamais dit, à ces deux aventuriers peu avertis, qu’il ne faut jamais parler aux inconnus, et encore moins débarquer chez eux pour leur dire voleur, rends-moi ma tablette ?
Qu’il existe un numéro à deux chiffres, le 17 pour être précis, qui pourrait résoudre avec l’approbation de la loi, de l’État, de la magistrature et de la plus grande partie de leurs concitoyens, le petit problème qu’ils vont affronter ?
Est-ce cela que l’on appelle adrénaline ? Est-ce cette décharge qui le remet debout, lui fait enfiler sa veste, glisser son Glock 17 dans la ceinture de son pantalon, près du sacrum, où ça fait encore mal ?
Ou peut-être que ce n’est que de la rhétorique et qu’il faudrait l’appeler idiotie ?