L'Amour comme par enchantement

- Oh ! Mon Dieu !

Alarmé, Gabe courut la rejoindre et lui prit la main.

- Qu'y a-t-il ? C'est le bébé ? Vous avez eu une contraction ?

- Non ! Là, regardez...

Laura pointait l'index vers la fenêtre et, quand il identifia la cause de son émotion, Gabe eut envie de l'étrangler : elle lui avait fait la peur de sa vie, et pour quoi ? Pour un stupide cerf qui s'était approché de la maison !

Une fois remis de sa frayeur, cependant, Gabe reconnut que c'était un animal magnifique. Son corps massif se découpait sur le fond blanc du paysage, et sa tête surmontée de bois majestueux se balançait gracieusement tandis qu'il humait l'air de ses naseaux frémissants.

- Il est superbe, murmura Laura. Je n'en avais encore jamais vu d'aussi près.

Gabe partageait désormais le plaisir qu'elle éprouvait devant ce spectacle. Un cerf, un renard, un faucon tournant dans le ciel... La beauté de ces montagnes et de leur faune l'avait aidé à surmonter sa douleur.

C'était sa place, celle qu'elle avait longtemps cherchée, et enfin trouvée.

Les œuvres d’art sont faites pour être admirées.

- Vous avez besoin de moi, et moi de vous.

Les doigts de Gabe se posèrent sur la joue de Laura et en suivirent la courbe. Cette caresse n'avait rien de prémédité ni même de réfléchi ; elle répondait à un besoin dont il ne mesura l'intensité qu'après l'avoir assouvi.

Lorsqu’elle fermait les paupières, comme maintenant, ce rêve lui semblait réalisable. Un monde où elle ne serait plus jamais seule lui apparaissait, une vie calme et heureuse, exempte de toute menace.

Le bébé n’a rien. La décharge d’adrénaline que m’a causée la peur ne lui a pas échappé, à en juger par ses gigotements, mais il est bien protégé, et la ceinture de sécurité m’a évité de heurter le volant.

Je ne crois pas à la fatalité mon ange. Rien n'est écrit d'avance : chacun de nous tient son destin entre ses main.

— Vous croyez réellement à l’existence des anges ?
— Oui, parce que la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue, sinon.

Les regrets ne servaient à rien. Il lui fallait maintenant se tourner vers l’avenir.