Citations sur Lieutenant Eve Dallas, tome 8 : Conspiration du crime (9)
- Dites donc, vous n'aviez pas une grande réception, hier soir ?
- Si, à Washington. Connors avait organisé une espèce de bal pour une oeuvre de charité. Je crois qu'il s'agissait de sauver les taupes, ou une bestiole ridicule du même genre. II y avait assez de bouffe pour nourrir tous les clochards de l'East Side pendant un an.
- Quelle épreuve pour vous ! Je suppose que vous avez dû mettre une superbe toilette, voyager dans l'avion privé de Connors et siroter du Champagne. L'horreur, quoi !
Eve ne releva pas. Le faste qu'elle connaissait depuis son mariage l'étonnait toujours, l'irritait souvent, et Peabody ne l'ignorait pas.
- Ouais, bougonna-t-elle. Il a aussi fallu que je danse avec Connors. Pendant des heures.
- Il était en smoking ?
Peabody l'avait vu une fois en smoking. Une image inoubliable.
- Évidemment.
Eve se remémora avec un délicieux frisson le retour à la maison ; elle lui avait littéralement arraché ses vêtements. Nu, il était encore plus beau.
- Quelle merveille, soupira Peabody qui visualisait le Tableau, Quelle splendeur !
- Beaucoup de femmes apprécieraient moyennement que leur mari tienne la vedette dans les fantasmes érotiques de leur assistante.
- Mais vous êtes au-dessus de ces médiocrités, lieu-tenant. C'est ce que, moi, j'apprécie chez vous.
Eve émit un grognement sarcastique et fit router ses épaules pour décontracter ses muscles. Elle était moulue. Voilà ce qu'on récoltait quand on s'abandonnait sauvagement à la luxure pendant une nuit entière.
— Pourquoi le spectacle de deux femmes en train de se battre excite-t-il tant les hommes ?
— Ils espèrent que, dans la bagarre, les dames s’arracheront leurs vêtements. Un rien nous divertit, nous autres mâles.
Eve ne s’intéressait guère aux progrès de la médecine. Elle éprouvait une antipathie viscérale à l’égard des docteurs. Elle savait néanmoins que les gens très riches dédaignaient les produits manufacturés. Quand ils avaient besoin d’un greffon, ils préféraient acheter à prix d’or le cœur ou les reins d’un jeune accidenté de la route.
Dès qu’un flic avait sur la tête une épée de Damoclès, autrement dit était menacé d’un blâme, ses collègues le défendaient. C’était chez eux un réflexe.
Chaque fois qu’elle examinait un cadavre, elle se remémorait ce qu’on éprouve lorsqu’on est une victime. Chaque fois qu’elle résolvait une affaire, c’était pour elle une victoire, une façon de rendre justice à toutes les victimes du monde et à la fillette sans nom d’autrefois.
Les médecins ont coutume de se soutenir mutuellement. C’est une question d’honneur et de solidarité.
Beaucoup de femmes apprécieraient moyennement que leur mari tienne la vedette dans les fantasmes érotiques de leur assistante.
On avait beau vivre une époque formidable, la nature humaine demeurait inchangée, aussi prévisible que la mort.
Je possède le pouvoir suprême. Je l’ai là, dans mes mains. Le pouvoir de guérir ou de détruire. D’octroyer la vie ou la mort. C’est un don que je révère, je l’ai peaufiné au fil du temps pour en faire un art aussi magnifique et grandiose que les œuvres enfermées au Louvre.
Je suis l’art, je suis la science.