Si quelqu’un avait décidé d’assassiner cette femme en raison de ses prises de position sur la régulation des armes à feu, il avait probablement tenu à le lui faire savoir avant de l’abattre.
Mais non, il n’imaginait la scène que dans un silence total.
Il n’avait pas voté Obama : jamais de sa vie il n’avait voté démocrate, et il ne voyait aucune raison de changer cela ; mais cet homme était le président des États-Unis et, en tant que tel, avait droit à son respect et à sa loyauté.
Il n’était pas intolérant, conscient qu’il y avait des connards et des enculés de toutes les couleurs et de toutes les religions. Il avait peut-être un peu de mal à saisir le phénomène gay, mais en fait il s’en foutait pas mal. À ses yeux, si vous vouliez vous taper quelqu’un fichu comme vous, c’était votre problème.
J’aime glander et j’aime coucher à droite à gauche. Je n’ai pas l’intention de passer ma vie à étudier et à faire des recherches, terrée dans un labo, parce que je n’ai pas envie d’avoir une vie.
Néanmoins, vivre à New York pour des rêves qui ne lui appartenaient pas valait mieux que d’être restée à la maison, où tout se rapportait à elle. Sa mère aurait considéré sa nouvelle couleur de cheveux avec autant de désapprobation que de perplexité, et son père, avec son éternel regard inquiet, lui aurait tranquillement demandé comment elle allait.
L’avenir étant à ses yeux sur Internet, à vingt-quatre ans elle s’était intégrée au staff du site d’information Hot Scoops. Elle travaillait essentiellement chez elle et, certaine que ce poste était un simple tremplin devant la propulser vers son propre site, son blog à succès, elle tolérait les corrections du rédacteur en chef et les reportages pourris.
J’aime l’ordre et je crois en la loi, mais c’est l’association de ces deux concepts qui me motive. Je suis faite pour ça. Les règles, les procédures, et aider les gens. Je ne m’étais jamais imaginée dans une situation comme celle de vendredi, mais maintenant c’est le cas. Je suis capable de faire ce boulot.
Vivement ses dix-huit ans, elle ferait alors ce qu’elle voudrait de ses cheveux. Elle regrettait de les avoir coiffés en queue-de-cheval ce soir, car cela lui donnait un air de gamine. Peut-être les couperait-elle hérissés, genre punk. Peut-être.
La salope se tartine les lèvres de gloss, et ce pauvre type l’attend devant les toilettes comme un brave toutou.