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Critique de Aela


Elisabeth II... Elle n'aurait pas dû être reine..C'est son oncle le roi Edward VIII qui était roi et le père d'Elisabeth était le deuxième fils du roi précédent George V. Mais lorsque Edward VIII abdique en 1938 pour pouvoir épouser Wallis Simpson, américaine et divorcée, c'est le père de la future Elisabeth II qui arrive sur le trône d'Angleterre sous le nom de George VI et Elisabeth devient tout naturellement la princesse héritière.

Et quelle carrière de reine! Son père George VI meurt en 1952 et Elisabeth est couronnée reine d'Angleterre le 2 juin 1953 car la coutume veut qu'on laisse une période de un an entre la mort du souverain et le couronnement de son descendant. Elle devient ainsi le quarantième monarque depuis Guillaume le Conquérant.

Une carrière de plus de 60 ans donc, fait très rare...Elisabeth va connaître 13 présidents américains, depuis Harry Truman jusqu'à Donald Trump.
Deux Premiers ministres auront une place particulière parmi tous ceux qu'elle va cotoyer: Winston Churchill et Margaret Thatcher..
Churchill en premier lieu bien sûr: c'est lui qui va guider ses premiers pas de reine et lui servir en quelque sorte de mentor.
Avec Margaret Thatcher les relations seront différentes. Mme Thatcher a été chef de l'opposition conservatrice entre 1975 et 1979 puis Premier Ministre entre 1979 et 1990. Deux femmes plutôt timides (malgré les apparences) et qui aiment s'entourer uniquement d'hommes dans leur travail.
La reine a apprécié la fermeté de Mme Thatcher pendant la crise des Malouines (les îles Falkland) lorsque les dictateurs argentins avaient occupé cet archipel de l'Atlantique situé à plus de 13 000 km des côtes anglaises.
Par contre la reine avait appelé Mme Thatcher à plus d'humanité lors de la mémorable grève des mineurs de 1984-1985.

Ce livre de Marc Roche, journaliste belge, longtemps correspondant du Monde à Londres et qui travaille maintenant pour le Point, met en relief les étapes importantes de la vie de la reine, ses traits de caractère, sa manière de gouverner, ses rapports avec les dirigeants d'autres pays et ses rapports avec son entourage, ses relations souvent difficiles avec ses belles-filles et son affection entière pour le prince William, son petit-fils, futur roi, tout en ne remettant pas en cause la légitimité de son fils Charles à lui succéder.

On apprend ainsi qu'elle a eu d'excellentes relations avec Jacques Chirac et François Mitterrand (qui lui était d'ailleurs un peu apparenté) mais beaucoup moins bonnes avec le Président Giscard d'Estaing par exemple dont elle n'appréciait pas les manières de "faux aristocrate".

La reine a un style bien à elle, inimitable comme ses tenues vestimentaires, qui suscite admiration et envie.

Elle cultive l'art de la distance, évite toute familiarité car pour elle cela entraîne le mépris mais pour autant se montre très soucieuse du bien-être de son peuple.
Elle est attachée à un certain univers conservateur, loin de l'atmosphère multiculturelle des grandes villes comme Londres.

L'auteur nous montre une femme croyante qui a toujours considéré sa fonction comme religieuse.
Elle tient à perpétuer la monarchie constitutionnelle même si cela a parfois un prix: ainsi elle a réduit fortement le nombre de bénéficiaires de la liste civile.
Elle arrive à faire cohabiter deux univers antagonistes, celui élitiste d'antan et celui d'une nouvelle société méritocratique.

Un de ses (rares?) défauts est de ne pas savoir parfois taper du poing sur la table comme lors du coup illégal réalisé par le gouverneur en Australie John Kerr qui, en 1975 avait limogé le Premier ministre travailliste Gough Whitlam.

Un livre passionnant donc, qu'on lit d'une traite...
Plus de 60 ans de la vie de l'Europe et de l'Angleterre, l'adhésion à l'Union Européenne en 1973 et le Brexit maintenant...
Une hypothèse de l'auteur: la Reine serait secrètement favorable au Brexit...mais elle a gardé toute la neutralité sur ce sujet, ne devant pas intervenir sur les sujets politiques...
Un magnifique portrait d'une femme qui force l'admiration pour son courage pendant la guerre et sa popularité.
Quel vide cela va faire quand elle ne sera plus là.......

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