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Critique de Darkcook


Recommandé par un pote aussi voire encore plus amateur du XIXème siècle, LE siècle de la littérature comme le dit Babelio, que moi, Bruges-La-Morte est typiquement l'oeuvre faite pour moi : un veuf exilé dans son deuil, en proie à l'éternelle mélancolie, l'apitoiement quotidien, qui tombe un jour, au détour des ruelles où il noie sa peine, miracle, sur le sosie de sa bien-aimée, qui l'obsède dès lors... Ce scénario vous rappelle quelque chose? C'est bien normal, pas mal d'oeuvres l'ont repris, du roman dont est inspiré Sueurs froides d'Hitchcock, jusqu'à... un épisode de la série Highlander que j'avais vu quand j'étais petit!

Comme le disent les commentaires de l'édition Garnier Flammarion, la ville de Bruges est un personnage à part entière. Elle incarne dans son entier le deuil du protagoniste, ville qui pleure, ville grise. Elle est également le reflet de la Morte, comme il l'appelera tout le temps, sa douce défunte, d'où le titre... Puis, lorsqu'il commence à faire honte à sa mémoire en fréquentant Jane comme substitut et palliatif à son irrémédiable absence, le corps religieux chrétien de Bruges prendra de plus en plus d'importance, en accord avec l'aggravation de son péché, jusqu'à la toute fin... Roman symboliste donc, où chaque image a son importance, reflet des états d'âme du personnage. Jane a beau ressembler à la Morte, elle est une actrice, ses cheveux sont teints, faits très importants, qui ajoutent au simulacre peu à peu ressenti par le personnage d'Hugues Viane... La salle, chez lui, où il garde sous verre, la chevelure de feu son amour, est une merveille du romantisme qui ravira les amateurs comme moi, et fera sans doute immédiatement songer à La Belle et la Bête de Disney avec la rose!

Et c'est cette tresse, relique sacrée, qui deviendra à la fin l'instrument de la tragédie dans un dénouement tout de même inattendu. Personnellement, je pensais qu'elle tomberait en poussière au moment où Hugues accomplirait le péché suprême avec Jane, mais c'est encore autre chose...

Très beau roman (photo en plus, le premier de l'Histoire, si je ne m'abuse, les images de Bruges renforçant l'ambiance de tourment mélancolique) du XIXème, avec tout ce que l'on aime d'enflammé et de poignant dans ce magnifique siècle. Seul regret : la trop forte présence de l'isotopie et des références chrétiennes, parfois inutiles, et pénibles quand on est pas versé dans cette religion. Notre-Dame de Paris d'Hugo, chef d'oeuvre incontestable, avait réussi le tour de force de ne pas agacer le lecteur d'un torrent de chrétienté alors que le poids de l'instance religieuse comme patronne de la tragédie, comme il se doit, était bel et bien ressenti dans le roman, et pesait lourd de sa menace.... Rodenbach n'a pas réussi à atteindre le juste milieu. Les passages avec Barbe, domestique pieuse, vous irriteront, sauf si vraiment, vous avez l'amour des rites et cultes chrétiens et des napperons...
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