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Critique de traversay


Vue de loin, donc d'ici, la littérature péruvienne contemporaine ne semble traiter que d'un seul sujet : celui de la lutte armée entre gouvernement et guérilla du Sentier lumineux, avec ce climat de violence endémique qui perdure depuis 1980 et ne s'estompe que depuis quelques années. Un traumatisme que l'on retrouve par exemple dans les derniers romans d'Alfredo Pita, de Renato Cisneros ou de Santiago Roncagliolo, d'excellents livres au demeurant. Tout dire, de Jeremias Gamboa, a malgré tout montré que les auteurs du pays pouvaient aussi évoquer des sujets différents et c'est aussi le cas de Gustavo Rodriguez, avec l'exubérant Les matins de Lima. La couverture du roman, psychédélique, donne le ton : voici une tragicomédie haute en couleurs et en paroles, à la langue bien pendue, et riche de personnages attachants et peu communs. Deux d'entre eux se détachent : Trinidad, entrepreneuse décidée, qui a vécu une adolescence difficile, marquée par son empoisonnement au mercure dans les mines d'Amazonie et la mort prématurée de sa mère ; son père, l'ineffable Danny de Los Rios, chanteur un brin pathétique mais capable de mettre le feu au dancefloor en interprétant les tubes des Bee Gees. Ils ne se connaissent pas mais leur destin va vite dépendre l'un de l'autre. La force du livre, ce sont également les portraits très fins des nombreux protagonistes qui entourent ce duo et qui n'ont rien de secondaires, avec des caractéristiques bien dessinées. Construit intelligemment, avec de brefs flashbacks, Les matins de Lima propose une lecture fine de la fracture sociale de la capitale péruvienne et de la violence sous-jacente qui ne demande qu'à y exploser. Malgré un contexte tendu et quelques drames au passage, Gustavo Rodriguez ne sombre jamais dans le pessimisme et traque le pittoresque et l'absurde de la vie. "Staying alive" chantaient les Bee Gees, c'est aussi le mot d'ordre de l'héroïne de Les matins de Lima, avec une ténacité et une force de caractère exemplaires. Une leçon de vie qui n'est pas loin de faire du roman un authentique "feel good book."
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