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Gustavo Rodriguez (Autre)Margot Nguyen Béraud (Traducteur)
EAN : 9791032908365
268 pages
L'Observatoire (04/03/2020)
3.52/5   25 notes
Résumé :
LIMA, PEROU. Trinidad Ríos n'a jamais connu son père. Et voilà qu'à 30 ans, elle doit retrouver sa trace à tout prix, mais tremble de peur que ce paternel mystérieux la rejette. Pourtant, la peur, Trinidad connaît : jeune métisse, orpheline, elle a grandi au coeur de la jungle de Madre de Dios, au Sud du Pérou, travaillant dès son plus jeune âge dans des mines de mercure pour survivre. Mais l'impétueuse Trini manie à la perfection l'art de la survie, jusqu'au jour o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un roman qui nous vient du Pérou. le sixième livre d'un auteur connu dans son pays, et le premier publié en France.
Histoire tragique des femmes d'Amérique latine, où les hommes au libido bouillonnant laissent un peu partout femmes et enfants abandonnés, dont ici Trinidad, notre protagoniste. D'une enfance au nord du Pérou, vivant dans la zone d'orpaillage avec sa mère, sous le joug d'un choix de vie limité entre bar à putes et mines de mercure, Trinidad, Trini pour les intimes, en traîne les conséquences. À 10-11 ans employée pour brûler l'amalgame or-mercure , où le mercure s'évapore au profit de l'or, elle s'en sortira empoisonnée; une autre tragédie s'en suivra à ses 14 ans . On la retrouve quinze ans plus tard à Lima, orpheline de mère, reconvertie dans le business, et partie dans un but précis à la recherche de son père Danny de Los Rios, chanteur de fortune......
Un récit riche en personnages pittoresques finement détaillés, disséminés autour de Trinidad, aux femmes coriaces pas aussi innocentes qu'elles le paraissent, Zoila, "la belle maman" , Dona Blanca , grand-mère paternelle et ses trois fils surnommé par leur père « la putissime trinité »., dont fait partie Danny.....
Rodriguez brode minutieusement autour des événements, une petite séance de manucure devient un amalgame de sensations et de souvenirs, les premières légères comme une brise, les seconds des chapes de plomb. Une histoire de survie, où le tragique est estompé par le ton lumineux d'une prose énergique, vivace, plein d'humour, sur fond de la fameuse chanson des Bee Gees, que chante Danny "....stayin' alive, stayin' alive "....."Elle était sûre que son père n'avait pas saisi la grande vérité qu'il transmettait avec cette chanson, mais elle était reconnaissante de l'ironie involontaire d'avoir découvert grâce à lui le mot clé de sa propre vie : survivre. Survivre avec le plus de dignité possible."
J'espère vous avoir donné envie de lire ce livre lumineux.


"Dans ce pays il n'y a rien de pire que d'être métis ou basané, et le pompon c'est d'être aussi une femme."
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Vue de loin, donc d'ici, la littérature péruvienne contemporaine ne semble traiter que d'un seul sujet : celui de la lutte armée entre gouvernement et guérilla du Sentier lumineux, avec ce climat de violence endémique qui perdure depuis 1980 et ne s'estompe que depuis quelques années. Un traumatisme que l'on retrouve par exemple dans les derniers romans d'Alfredo Pita, de Renato Cisneros ou de Santiago Roncagliolo, d'excellents livres au demeurant. Tout dire, de Jeremias Gamboa, a malgré tout montré que les auteurs du pays pouvaient aussi évoquer des sujets différents et c'est aussi le cas de Gustavo Rodriguez, avec l'exubérant Les matins de Lima. La couverture du roman, psychédélique, donne le ton : voici une tragicomédie haute en couleurs et en paroles, à la langue bien pendue, et riche de personnages attachants et peu communs. Deux d'entre eux se détachent : Trinidad, entrepreneuse décidée, qui a vécu une adolescence difficile, marquée par son empoisonnement au mercure dans les mines d'Amazonie et la mort prématurée de sa mère ; son père, l'ineffable Danny de Los Rios, chanteur un brin pathétique mais capable de mettre le feu au dancefloor en interprétant les tubes des Bee Gees. Ils ne se connaissent pas mais leur destin va vite dépendre l'un de l'autre. La force du livre, ce sont également les portraits très fins des nombreux protagonistes qui entourent ce duo et qui n'ont rien de secondaires, avec des caractéristiques bien dessinées. Construit intelligemment, avec de brefs flashbacks, Les matins de Lima propose une lecture fine de la fracture sociale de la capitale péruvienne et de la violence sous-jacente qui ne demande qu'à y exploser. Malgré un contexte tendu et quelques drames au passage, Gustavo Rodriguez ne sombre jamais dans le pessimisme et traque le pittoresque et l'absurde de la vie. "Staying alive" chantaient les Bee Gees, c'est aussi le mot d'ordre de l'héroïne de Les matins de Lima, avec une ténacité et une force de caractère exemplaires. Une leçon de vie qui n'est pas loin de faire du roman un authentique "feel good book."
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Pour commencer quelle couverture ! Colorée et joyeuse parfait !

Nous sommes à Lima au Pérou de nos jours. Trinidad, trentenaire, est malade du fait de ses nombreuses expositions au mercure dans les mines d'or amazoniennes où elle a longtemps travaillé, elle a besoin en urgence d'un rein. Sa mère étant morte, la seule solution est de demander à son père. le problème est qu'elle ne l'a jamais connu, car c'est un coureur de jupons invétéré et sa mère ne fût pas une exception à la règle. Elle va devoir se dépatouiller et prendre contact avec cet homme, obscur chanteur et imitateur des Bee-Gees qui tourne dans les bars liméniens et vit encore chez sa mère avec l'un de ses deux frères avec les trois sous qu'il gagne péniblement.
Trinidad, elle, est couturière et a une cliente de la haute société qui souhaite s'associer avec elle.

Ce roman décrit le fossé entre les pauvres et les riches, ceux qui vivent dans les beaux quartiers et les autres qui triment pour se loger décemment, les inégalités très forte dans la capitale péruvienne. Et pourtant cet ouvrage reste positif, optimiste et coloré. Trinidad en veut, elle ne lâchera pas, ne se fera pas mal considérer par les classes supérieures et surtout ne lâchera pas sa quête du rein paternel pour guérir enfin. Il y a de l'humour, beaucoup d'humour dans ces pages il n'y a qu'à imaginer un instant le père !

Belle découverte péruvienne !
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[ Stayin' a live ]

Danny de los Rios est un chanteur vieillissant. Il court après la gloire depuis toujours et gagne péniblement sa vie en se produisant dans des bars ou dans des soirées privés avec son répertoire de tubes ringards. A l'inverse de la musique, les femmes ne lui ont jamais résisté et il accumule les conquêtes depuis toujours.
Trinidad, elle, a grandi dans la jungle péruvienne. Une région où les mines et les bordels sont plus nombreux que tout autre commerce. Elle a 30 ans lorsqu'elle part à la recherche d'un père qu'elle ne connaît pas. Contaminée au mercure, elle a besoin d'une greffe de rein.
Au coeur de Lima les délires pathétiques d'un musicien et de sa famille extravagante vont croiser la volonté d'une héroïne bien décidée à ne pas mourir.

Le démarrage du roman est un peu poussif mais quand le décor est planté l'histoire devient addictive et on se retrouve face à une tragicomédie qui, avec humour et esprit, réfléchit au rôle actuel des femmes au Pérou et dresse le portrait d'une société pleine de contrastes, d'aprioris et de rancune. Gustavo Rodríguez met le doigt sur des thèmes fort comme le machisme, la pauvreté, les discriminations contre les peuples autochtones, l'esclavage sexuel, l'homosexualité réprimée, la violence politique et économique du capitalisme d'entreprise ...

Au son des Bee Gees, « Les matins de Lima » parvient sous un air faussement léger à interpeller le lecteur sur les plus gros travers d'un pays.

Traduit par Margot N'guyen Béraud
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Trinidad Rios. Sacrée femme ! Son parcours n'est pas une longue jungle tranquille, elle qui a vécu dans celle de Madre de Dios au sud du Pérou au milieu de tous les excès et des orpailleurs illégaux.

Elle est encore une enfant lorsqu'elle retrouve sa mère sans vie dans le bordel où elle travaillait et s'enfuit rapidement pour rejoindre sa grand-mère à l'autre bout du pays qui ne l'aidera pas. Grâce à une rencontre avec une femme ange-gardien, Trinidad va réussir à devenir couturière et à créer sa propre société. Mais à 30 ans, la maladie la rattrape suite aux quantités de mercure ingurgitées dans son jeune âge. Nécessitant une greffe rénale, elle doit absolument retrouver son géniteur, Daniel Rios, un chanteur qui a pris pour répertoire les chansons de Bee Gees et qui surfe plus sur les mauvaises pentes que sur les sommets. Quand elle réussit à le joindre par téléphone, le premier contact est prometteur, mais que se passera-t-il lorsqu'ils vont se voir enfin, face à face pour la première fois…

Ce roman de Gustavo Rodriguez a tout pour plaire : divertissant il est pétri d'humour (parfois noir) et de tendresse, jamais à court de rebondissements et fait voyager le lecteur dans ce pays d'Amérique latine, théâtre de toutes les dichotomies à l'image de sa géographie. Malgré les nombreux personnages, les narrations des errances des uns et des autres et les flash-back, aucune longueur ni lassitude, l'intrigue et les judicieux – voire piquants – dialogues transforment ce récit en un immense tableau d'une société contemporaine avec les inégalités, les trafics ; l'exubérance d'une jungle humaine avec des coeurs qui battent.

A l'instar de la couverture, tout est haut en couleurs et la verve de la plume s'agite dans tous les sens créant une écriture à la fois poétique et délicieusement argotique. Parfois tragique mais jamais pessimiste, parfois féroce mais nullement haineux, un tableau parfait sur la dureté du monde où vivent des âmes humaines de toutes les diversités. Avec comme héroïne, une femme qui ne lâche jamais. En fait du pur « Staying alive », enfin plutôt du « Sobreviviendo ».
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
-L’étalon est chaud bouillant, dit Nieves en soulevant sa lèvre supérieure, espiègle. Il m’envoie des photos de sa chambre d’hôtel avec écrit : « Manque plus que ton petit cul. » Tu te rends compte ?
-Hyper-romantique, répondit Trinidad en souriant.
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Tout le monde finit par s'habituer aux changements de sa vie, qu'il s'agisse de plaisirs comme de supplices, et si Trinidad se déplaçait aisément dans les rues de Lima, c'était non seulement parce qu'elle n'avait pas le choix, mais aussi parce que la vie l'avait soumise à un entraînement rigoureux. …....................................... Mais pour savoir si elle exagère, laissons un instant Trinidad à sa petite monnaie pour revenir quinze ans plus tôt, en ce petit matin, où elle retrouva sa mère morte. Trinidad n'avait pas eu d'autres choix que de se rendre de Tarapoto, où sa grand-mère habitait. C'était un voyage de deux-mille kilomètres, du sud au nord de l'Amazonie, un trajet zigzagant parmi des dizaines de climats différents ; une réalité qu'un riche ne comprendra jamais, car s'agissant de voyages, seul l'argent peut acheter les lignes droites.
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De son côté, en l'attendant au restaurant, Daniel Rios vivait l'imminence de la rencontre comme une hémorragie de souvenirs diffus. Sa période Tarapoto était floue et il ne se souvenait pas vraiment de la mère de Trinidad. Avec combien de femmes avait-il couché durant ces années heureuses ? Et avec combien sans capote ? Un jour, en ce temps-là, son frère German lui avait dit souffrait du même mal que leur pays : une hyperinflation galopante. Il avait sans doute raison, pensa-il. Comme le surplus de monnaie finit par faire baisser la valeur des choses, trop de coup d'un soir tuent le coup d'un soir. De cette décennie turbulente, seules deux ou trois femmes émergeaient plus ou moins nettement, mais aucune d'entre elles n'était la mère de cette jeunette qu'il s'apprêtait à rencontrer, cerné de poulets rôtis.
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Il existe un fait irréfutable : à mesures qu’ils vieillissent, les gens ont de plus en plus de souvenirs et de moins en moins de projets.
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Au fond de lui, il craignait une mort tragique, comme l’est souvent la vie de ces Péruviennes qui partent pleines d’illusions pour ces terres où paradis et enfer dorment enlacés.
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