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Critique de nadejda


Kate Barry qui a été la compagne de Jean Rolin est décédée en décembre 2013. Jean Rolin repart dans « Savannah » sur les traces de Kate en refaisant un voyage qu'ils avaient effectué ensemble en 2007.
Il a avec lui le volume de correspondance de Flannery O'Connor dont Kate a corné des pages et dans lequel elle a souligné de nombreux passages.
« je ne suis parvenu à déterminer exactement pourquoi elle s'était prise d'un tel amour pour cet auteur, au point d'envisager de réaliser un film sur elle, et auparavant de m'entraîner en 2007 dans un voyage à Savannah, où Flannery était née, et de là à Milledgeville, dans le fin fond de la Géorgie, où elle avait vécu la plus grande partie de sa vie, brève, et composé la quasi-totalité de son oeuvre. » nous dit-il
Lui-même partage ce goût pour cet écrivain dont il lui a lu « la nouvelle intitulée « Les boiteux entreront les premiers », tirée du recueil Mon mal vient de plus loin.
« De tous ses textes, il me semble que c'est l'un des plus beaux, et aussi l'un des plus sombres, des plus désespérants, l'un de ceux qui amènent ses lecteurs athées ou agnostiques – dont la perplexité lui inspire dans sa correspondance maint sarcasme – à s'interroger sur la nature exacte de sa foi, ou sur le reflet de celle-ci dans son oeuvre…  »

Sur les traces de Kate, de Flannery O'Connor et également du père de Kate John Barry dont elle recherchait les ancêtres irlandais.
Ce livre d'une grande pudeur tente d'évoquer cette compagne disparue. Si Kate a filmé tout au long de leur voyage elle n'apparait que furtivement le plus souvent à travers des reflets dans des flaques d'eau, ou en compagnie de l'auteur dans un vitrine.
Ce n'est qu'à la fin que Jean Rolin l'évoque directement comme si cette recherche à travers des souvenirs évanescents dans des lieux qui ont disparu ou ne sont plus les mêmes après les 7 années qui se sont écoulées depuis leur voyage trouvait quand même un aboutissement lui permettant de la revoir en creux :

« Que Kate m'ait toujours donné l'impression d'être petite, ce qu'elle n'était pas, qu'elle ait été frêle, en revanche, avec une silhouette presque enfantine, et douée cependant, par moments, d'une force incroyable, que son visage – yeux marron-vert, nez imperceptiblement busqué, oreilles dont l'une présente une curieuse irrégularité, comme si une souris en avait grignoté un petit bout –, que son visage ait été le plus expressif de tous ceux que j'ai connus, parce qu'elle éprouvait joie ou peine plus vivement que quiconque, voilà, parmi beaucoup d'autres choses, ce dont tout ce qui précède ne donne à peu près aucune idée. Et de même ai-je échoué, pour l'essentiel, à démêler ce qui l'attachait si particulièrement à la figure de Flannery O'Connor, écrivaine catholique affligée d'une maladie incurable et éleveuse de paons. »

C'est un livre touchant qui comme Kate se veut léger, ne pesant pas sur les êtres et les choses, elle qui savait si bien aborder des inconnus rencontrés dans les parages d'une gare de bus ou fouillant dans un terrain à l'abandon au bord de la rivière,
« avec cette extraordinaire facilité qu'elle avait pour ce genre de choses, et qui était payée en retour, généralement, par la confiance immédiate que lui témoignaient ses interlocuteurs de rencontre. »
Un livre qui me donne aussi l'envie de relire Flannery O'Connor
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