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Critique de Melpomene125


Avec Troublantes Racines, Francine Romero m'a fait voyager en Afrique et découvrir l'histoire de la Guinée équatoriale. J'aime les livres qui me font faire des voyages imaginaires et me permettent d'en apprendre davantage sur des pays (moeurs, culture) où je n'irai probablement jamais.

Francine Romero a beaucoup voyagé : Gabon, Guinée, Nouvelle-Calédonie avant de poser ses valises en Andalousie, aux côtés de son mari Curro (splendide description du mariage dans la cathédrale de Malabo !). L'agréable souvenir de mes séjours en Espagne m'avait donné envie de l'inviter à faire partie de mes ami(e)s babelionautes. Ainsi, j'ai eu la chance d'être informée qu'elle préparait un livre-témoignage sur ses diverses pérégrinations en Afrique. Pour le premier anniversaire de sa parution, voici ma chronique et félicitations pour cet ouvrage, qui poursuit son chemin auprès des lecteurs !

C'est avec plaisir que je suis partie avec Francine Romero, d'abord au Gabon dans les années soixante-dix avec son mari Yenoth, un étudiant gabonais, pour rendre visite à sa belle-famille. Cette partie est l'occasion de voir comment s'organise la vie au village Yombé II, les différences culturelles dans la manière d'appréhender la mort, celle d'une petite fille notamment, les rites, les sociétés secrètes. C'est à la fois instructif et émouvant, la photo de l'enfant, en particulier.

Le retour à Lille après cette immersion, cette aventure anthropologique, est plus difficile : le sentiment ambigu d'avoir trouvé ses racines en Afrique, alors que Francine Romero n'en est pas originaire, et pourtant la sensation de ne pas tout comprendre, de ne pas tout partager, de ne pas être d'accord avec tout. Ce décalage paradoxal crée une rupture.

Je connaissais un peu l'histoire du Gabon mais j'ai néanmoins appris beaucoup de choses sur les divers dirigeants, la Françafrique, l'affaire Elf. En revanche, j'ignorais tout de l'histoire de la Guinée. Guinée Bissau, Conakry, Malabo, Bata… ne sont que des mots sur une carte, pour moi, et encore… Il faut dire que ceux qui tentent d'approfondir le sujet parmi les expatriés finissent mal. le sort réservé à André Branger est révélateur.

Cette affaire, qui donne au récit une allure de thriller financier et géopolitique, m'a fait penser à celle du juge Borrel à Djibouti en 1995. le témoignage de Francine Romero, comptable à l'ICEF, l'Institut culturel d'expression française, à Malabo, est édifiant sur certaines pratiques dictatoriales : la mainmise du parti unique sur les médias, ce dont on ne parle pas n'existe pas, la corruption, les douanes, les petits et gros dysfonctionnements du quotidien…

Un texte qui m'a donné envie d'effectuer des recherches sur la Guinée équatoriale et qui m'a aidée à mieux comprendre l'Afrique contemporaine. L'exemple des échanges commerciaux entre l'Occident et la Guinée équatoriale est d'un réalisme cruel : le dictateur vend à prix d'or le pétrole, met l'argent sur son compte privé à l'étranger et la Guinée équatoriale reçoit en retour des déchets toxiques, issus du nucléaire, à enfouir sous son sol. Où ? Sur l'île d'Annobon ? Merveilleux ! de quoi réjouir la population !

J'ai particulièrement apprécié, au début de chaque chapitre et tout au long du récit, les citations d'écrivains, de poètes, d'explorateurs, les références culturelles érudites et passionnantes, pour moi. L'une d'entre elles a eu une résonance intime et j'ai trouvé que c'était une excellente idée de commencer ainsi Troublantes Racines :

« Écrire, c'est s'ouvrir à tous les vents. Écrire, c'est entreprendre la quête inachevée. J'écris parce que la vie me déroute, j'écris parce que j'ai peur de la mort. J'écris pour apprendre à penser, pour mieux comprendre autrui, j'écris pour me comprendre. » Birago Diop.
Lien : https://laurebarachin.over-b..
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