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Citations sur Troublantes racines (44)

Vous est-il déjà arrivé de découvrir, par hasard, que l’endroit où vous êtes né importe peu et que des racines plus profondes, des correspondances, ainsi que le sentiment d’appartenir à une autre société, d’y revenir ou d’y renaitre primait ?

Les expériences que j’ai vécues au Gabon en 1972 et 1973 et en Guinée Équatoriale de 1989 à 1994 me le feraient croire, bien que la distance, la non compréhension des rites et des croyances, ma révolte devant la mort d’un enfant, soient aussi intervenues.
Ces souvenirs ne suffiraient pas, s’ils n’étaient étayés par mes lectures, les évènements et l’histoire, qui viennent leur donner une explication.
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En arrivant à Malabo après les tangages incertains de l’avionnette affrétée pour l’occasion depuis Douala, après la jungle vue du haut et ainsi transformée en un ensemble pacifique de brocolis annonciateurs, après la vue du petit volcan enveloppé de romantiques nuées, je retrouve une touffeur qui me serre dans ses bras, la chaleur poussée à son plus haut point d’humidité s’enroulant amoureusement en une caresse palpable, mélangée à une odeur de fruits, de parfums inconnus, de pourriture terrestre, la pourriture de la vie, l’humus du commencement, la moiteur du désir, l’alanguissement qui nous saisit à vivre sous ces climats délétères.
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A cette époque et sans le connaître, je lis un article de Patrice Van Eersel dans le journal Actuel s’intitulant : « Comment connaissons-nous l’heure de notre mort ? » Car le dictateur ayant massacré tous ceux qui parlaient le castillan, tous ceux qui avaient fait des études dans le pays colonisateur, tous les opposants, tous les Guinéens d’une autre ethnie que les Fangs, dont les Bubi, puis tous les Espagnols qui resteraient dubitatifs, ou n’accepteraient pas d’assister aux exécutions publiques, enfin tous ceux qui seraient susceptibles de vouloir sa mort, puis tous ceux de sa famille dont il craint la soif de pouvoir, Macias pense avec angoisse à sa propre mort. A bon escient d’ailleurs, car son neveu le tuera avant d’être tué.
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Les femmes du Djembé d'abord :

Le Djembé serait une sorte de syndicat contre l'élément mâle. Son rôle est de faire pendant au préexistant Bwiti, société secrète des hommes permettant d'asseoir l'ordre social en s'assurant l'obéissance des femmes, des enfants et des esclaves. Les femmes, comme une revanche, et cependant toujours selon le même principe de société secrète, acquièrent le pouvoir de contrer l'appétit de puissance de leurs hommes. L'initiation des jeunes filles se fait dans les bois et revêt un caractère effrayant ; il s'agit d'éprouver si ces futures initiées peuvent supporter la douleur, consistant entre autres en des incisions au rasoir sur les cuisses, en frottements du corps avec des orties, en tatouages spéciaux. On ne connait pas très bien ces séances nocturnes, il semblerait tout de même que les jeunes filles, en âge de se marier, soient initiées au secret de l'amour ou, pour parler plus vrai, du sexe. Ces secrets ne peuvent être dévoilés sous peine de mort.

Ce que j'ai vu au village n'était donc pas une séance de guérison mais, bien au contraire, une séance d'initiation à la société du Djembé.

page 69
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La rencontre avec Yenoth, un étudiant gabonais à Lille, dans le même amphithéâtre que moi, attentifs tous deux aux conférences sur Platon, notre affiliation à la FEANF, Fédération des étudiants d’Afrique Noire, notre mariage, la bourse qui m’est octroyée par l’État gabonais (combien de fois ai-je dû rectifier les propos de ceux qui se plaignaient de l’argent donné à ces fainéants d’étudiants étrangers !) enfin l’enfant qui se pointe, tous ces changements interviennent rapidement. Nous étudions ensemble la philosophie, puis le Gabon nous offre un voyage aérien.
(Incipit)
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Chacun apporte une cocotte, et lorsque nous voyons un cafard surnageant dans l’une d‘entre elles, pattes en l’air, nous mettons discrètement la bestiole à la poubelle ; personne n’a souffert de ce qu’il ne savait pas.
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Nous avons aussi, luxe suprême, un générateur qui remplace le courant lorsque des pannes d'électricité se produisent. Finalement, on ne compte plus les jours sans fluide et le générateur s'épuise. Pas de problème, les denrées du congélateur sont entreposées dans de petites glacières et conduites chez les militaires qui, eux, ont un générateur plus puissant.

Les denrées nous reviennent décongelées, après plusieurs jours dans la caserne dont le générateur a rendu l'âme cause surcharge. Hop, tout rentre dans l'ordre, un nouveau stage dans le congèle et on oublie l'épisode.

Personne n'a été malade.

Autant dire que chaîne du froid, congélation et dates de péremption nous semblent des concepts occidentaux qui, en temps de besoin, se retrouvent sans pertinence.

page 144
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Nous nous reposons dans la cale et ce n’est qu’en revoyant en pensée cet intérieur de bateau en bois et en écrivant ces souvenirs, que je pense aux autres cales qui avaient transporté des esclaves.
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Je pleure lorsque je vais annoncer la nouvelle à mon père, je ne sais pas si c'est la dernière fois que je vais le voir, si je le reverrai, s'il vivra ses derniers jours en déplorant le fait de ne pas m'avoir à ses côtés et si je ne risque pas de regretter la rupture géographique avec cet homme que j'aime. Je reste digne devant lui, qui m'accompagne jusqu'à ma voiture, je vois ses yeux bleus, je l'aime, je me sépare de lui. Grand seigneur toujours respectueux de ma liberté il me dit : c'est ta vie, vas-y. Et je sanglote en conduisant la voiture quand il ne peut plus me voir. Non seulement j'y vais mais un nouveau bonheur m'attend. En arrivant à Malabo après les tangages incertains de l'avionnette affrétée pour l'occasion depuis Douala, après la jungle vue du haut et ainsi transformée en un ensemble pacifique de brocolis annonciateurs, après la vue du petit volcan enveloppé de romantiques nuées, je retrouve une touffeur qui me serre dans ses bras, la chaleur poussée à son plus haut point d'humidité s'enroulant amoureusement en une caresse palpable, mélangée à une odeur de fruits, de parfums inconnus, de pourriture terrestre, la pourriture de la vie, l'humus du commencement, la moiteur du désir, l'alanguissement qui nous saisit à vivre sous ces climats délétères.
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Ainsi que dit Graham Greene dans Voyage sans carte, je découvre l’amour de la vie, le bonheur simple d’être là, rire quand je peux, pas forcément comprendre tout, mais partager, alors là oui. Je fais miens les mots de Vivienne de Watteville, dans Un thé pour les éléphants : « De nouveau tout me paraissait simplifié, et ce sont indubitablement ces moments qui nous redonnent un sentiment de sérénité et de force. Là, je le croyais fermement, résidait le moyen d’atteindre un équilibre intérieur et une unité ».
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