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Critique de livrevie


1978... Que s'est-il passé en 1978 ? À vrai dire, je ne m'en souviens pas. Mes quelques mois d'existence ne m'autorisaient pas cette mémoire qui me fait défaut pour évoquer le souvenir. À quand remontent les premières images qui se sont gravées dans mon cerveau ? À mes cinq ans peut-être, quand ma mémé Simone me faisait prendre un bain. Ou peut-être avant, quand ce chien m'a mordue. Un souvenir flou stocké dans un tiroir de mon cerveau. Une photo en couleurs dénuée de sens, sauf si je la regarde attentivement.

1978... Sebastien Rongier plonge l'instantané de sa plume dans une brasserie de Sens, le temps d'une soirée. Les clients entrent, défilent, repartent, sans noms, sans traits bien définis, sortes d'ombres éphémères. À moins que l'on s'attarde. Les yeux s'ouvrent peu à peu et ces visages sans identité prennent vie. Un nom, un physique, une histoire.

Ce sont des fractions de leur vie qui nous sont contées dans ces très courts chapitres. Autant de photographies en noir et blanc ou en couleurs qui témoignent d'une époque.

De prime abord, le récit semble décousu. L'attention s'envole pour se porter sur cette femme, assise seule et qui attend son amant, ou sur cette jeune femme, là-bas... La fille du boucher non ? Et ce cuisinier, qui est-il ? Qu'est-ce qu'il cache ? Et cet enfant, qui joue avec ses figurines ? Il y avait un homme avec lui. Il est reparti, laissant ce petit bonhomme seul avec ses jouets.

Le temps s'étire, les heures défilent et l'identité ces personnages apparaît. Max, Christine, Mohammed, Elisabeth, Paul et les autres. Ils se croisent sans se voir, puis finissent par ouvrir les yeux et interagir, parfois le temps de prendre un Get 27, parfois juste pour échanger quelques mots.

Le récit fait durer ce moment éphémère, la politique qui cherche à s'implanter, le passé que l'on veut oublier, le futur que l'on veut fuir, et l'écriture, à laquelle j'ai particulièrement adhéré, se fait l'écho de cette soirée. Elle défie certaines normes et donne une vivacité au texte en lui évitant de heurter l'écueil de l'ennui insufflé par la lenteur de son rythme. Ces faits anodins, dérisoires, revêtent une importance autre. Ils deviennent vivants, alternant passé, présent et futur dans une danse envoûtante.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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