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Citations sur L'étonnant voyage de Hareton Ironcastle (6)

Rebecca Storm attendait les esprits.
Elle tenait, d'une main légère, un porte-crayon d'or, la pointe sur un bloc de papier glauque.
Les esprits ne venaient point.
- Je suis un mauvais médium, soupira-t-elle ...
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Que de fois, dans la nuit belliqueuse, des guerriers Trapus avaient été amenés comme ceux-ci, pour servir de pâture. Que de fois aussi les Goura-Zannkas battus n’avaient-ils pas été mutilés et suppliciés par les Trapus vainqueurs !
- Oui, murmura Philippe, qui songeait à ces choses, c’est une scène des vieux âges.
Il marchait, pensif, à côté de Muriel, et parfois, leurs regards se croisaient avec une douceur profonde...
- Ces choses finiront un jour ! dit-elle.
- Sans doute ! Mais peut-être par la disparition des Trapus et Goura-Zannkas. Sous les balles, les bombes ou les fléaux des Blancs... Car notre civilisation, Muriel, est la plus homicide qui ait paru sur la terre. Depuis trois siècles, nous avons fait disparaître plus de peuples et de peuplades que ne l’avaient fait tous les peuples conquérants de toute l’Antiquité et du Moyen Âge. La destruction romaine a été un jeu d’enfant à côté de la nôtre. Ne vivez-vous pas, Muriel, sur une terre aussi grande que l’Europe, où vous avez fait disparaître la race rouge !
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Par cette conjonction de territoires, le lac voyait surgir sur ses rivages toutes les bêtes étranges du désert, les fauves sournois de la prairie, les hôtes sans nombre des ramures : l’autruche et la girafe, le phacochère baroque et le rhinocéros monstrueux, l’hippopotame et le sanglier, le lion, le léopard et la panthère, le chacal, l’hyène et le loup, l’antilope, le zèbre, le dromadaire et le couagga, le gorille, l’hamadryas, la guenon à camail et le babouin, l’éléphant et le buffle ; le python et le crocodile ; les aigles et les vautours, les cigognes, les ibis, les grues, les flamants, les aigrettes, les martins-pêcheurs...
- Une solitude admirable... créée pour toutes les bêtes de l’Arche, dit Guthrie. Depuis combien de fois mille ans ce lac a-t-il vu passer l’immense vie que les hommes auront détruite ou soumise avant la fin du XX e siècle ?
- Croyez-vous qu’ils la détruiront ? répondit Farnham... Si Dieu le veut. Moi, je pense qu’il ne voudra point !
- Pourquoi ? Depuis trois cents ans, ne protège-t-il pas visiblement la civilisation ? Et surtout la civilisation anglo-saxonne ? N’est-il pas écrit : « Remplissez la terre, et l’assujettissez, et dominez sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur toute bête qui se meut sur la terre ! »
- Mais il n’est pas écrit : « Détruisez ! » Or, nous avons effroyablement détruit, Sydney, sans miséricorde et sans discernement. L’œuvre de Dieu semble être entre les mains fragiles de l’homme... Nous n’avons plus, croit-on, qu’un geste à faire. Nous ferons ce geste. Il nous conduira à notre perte... tandis que la création libre refleurira. Voyez-vous, je ne peux pas croire que tout a pu être préservé si longtemps, jusqu’à l’Australie des marsupiaux et des ornithorynques, pour périr sous des armes humaines. Je vois distinctement l’abîme qui va s’ouvrir, je vois les nations se redissoudre en peuplades, les peuplades en tribus, les tribus en clans... En vérité, Sydney, la civilisation va mourir, la vie sauvage va renaître !...
Guthrie poussa un vaste éclat de rire :
- Je prédis, fit-il, que les usines de l’Europe et de l’Amérique fumeront sur toutes les savanes et consumeront toutes les forêts ! Toutefois, s’il en était autrement, je ne suis pas de ceux qui se répandraient en pleurs. J’accepterais la revanche des Bêtes !
- Moi, je l’accepte, répondit mystiquement Farnham, parce que ce sera la volonté du Seigneur.
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-- Mais vous ? répéta-t-il ?
Dans la lueur bleuâtre, elle eut un mélancolique sourire :
-- Ils ne m'ont pas encore fait de mal!... Leurs actes me sont incompréhensibles. Je suis aux mains de leurs sorciers. Par moments, on dirait qu'ils me rendent un culte... d'autres fois, ils sont menaçants... Je ne sais pas. J'attends quelque chose d'horrible.
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Vainqueur précaire, l’homme ne possédait encore qu’une faible part de la terre sauvage, et, dans l’opacité nocturne, il était perdu au sein d’une puissance invaincue.
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Le soir allait étreindre la forêt des vieux âges et la peur, faite de peurs accumulées par les générations sans nombre, agitait les bêtes herbivores. Après tant de millénaires, la forêt ignorait presque l’homme. Dans sa persévérance obscure et inlassable, elle refaisait les formes engendrées avant les temps où naquirent les Cromlechs et les Pyramides. Les arbres demeuraient les maîtres de la terre. De l’aube au crépuscule, à travers les jours, à travers les nuits, sous les rayons rouges, sous les rais d’argent, invaincus par les siècles et vainqueurs de l’étendue, ils dressaient leurs royaumes taciturnes.
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