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Critique de Bellonzo


On connaît le Viennois Joseph Roth surtout pour "La marche de Radetzky" et "La légende du saint buveur". On sait sa fin parisienne et alcoolique juste avant le déluge en 1939. Encore sous-estimé par rapport à ses amis Zweig ou Musil par exemple on sait moins ses débuts dans le journalisme et c'est l'objet de ce passionnant recueil de quelques-uns de ses textes parus pour "Images viennoises" dans der neue tag en Autriche vers 1920 et pour "Cabinet des figures de cire" dans Die Frankfürte Zeitung en 1929 en Allemagne. Bien sûr on retrouve les accents de cette Mitteleuropa qu'on aime tant d'autant plus qu'entre les deux horreurs ce monde a déjà opéré une première bascule qui ne sera pas la dernière. Mais ces textes très brefs permettent aussi à Roth de savoureuses digressions sur le temps par exemple: le très curieux Voile qui recouvre une horloge d'une feuille de journal. Ou ses interrogations sur L'avenir des théâtres impériaux en cette époque où L'Autriche-Hongrie a vécu et ne se doute pas encore de ce qui l'attend.

Mais je suis surtout ébloui par la prose de Joseph Roth, Juif Galicien, quand il dépeint en quelques pages le portier d'un grand hôtel. L'hôtel où Roth a beaucoup vécu est un personnage important dans ce "Cabinet des figures de cire" et cet homme aux clefs d'or nous fait irrémédiablement penser au "Dernier des hommes" de Murnau, quasi contemporain. Journaliste, Roth nous entraîne aussi dans les coulisses de la presse avec le portrait du Rédacteur de nuit, oiseau nocturne appréhendant l'actualité de toute sa foi en ce métier et "rangeant" les nouvelles dans l'intérêt de ses lecteurs. En ces heures ultra-matinales l'odeur d'imprimerie se mêle là celle des cafés et le rédacteur de nuit se prend à rêver, pas longtemps, à cette nouvelle Europe Centrale.

le futur n'est pas sûr mais ses lignes sur une "Arrivée en Albanie" sonnent pourtant comme le kafkaïen destin de ce pays. Et vous saluerez "Le congrès" qui m'a paru comme mis en scène par Lubitsch, avec petits délégués nerveux et grégaires dansant sur un volcan mais l'ignorant encore. Joseph Roth publierait "La marche de Radetzky" en 32 avant de quitter l'Allemagne comme beaucoup d'autres
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