Le petit monde germanopratin a décerné à Roudinesco un prix littéraire pour son roman historique : «Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre», publié par son compagnon, le PDG de Fayard.
Pour découvrir à quel point son livre est futile (une érudition de pacotille sur ce que Freud mangeait, ses voyages, la vie de ses chow-chow, le noms de ses 14 neveux et nièces, etc.) et n’apporte rien de substantiel sur la psychanalyse par rapport à des auteurs qu’elle cite à peine ou mal (Borg-Jacobsen, Onfray notamment), voir cette analyse d’une vingtaine de pages par quelqu’un qui, contrairement à un certain nombre de journalistes, a lu attentivement cet ouvrage
Document : « Roudinesco.Freud.Rillaer.2014.pdf »
Sur le site
http://icampus.uclouvain.be/claroline/document/document.php?cidReset=true&cidReq=EDPH2277
ou via Mediapart :
http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-laroche/071114/jacques-van-rillaer-deboulonne-sigmund-freud-en-son-temps-et-dans-le-notre-ecrit-par-elisabeth-r
Ce n’est pas dans un quelconque au-delà que les gens vivent dans un enfer, mais ici même, sur terre. C’est ce que Schopenhauer a très justement vu. Mes connaissances, mes théories et mes méthodes, doivent leur faire prendre conscience de cet enfer, afin qu’ils puissent s’en délivrer. C’est seulement quand les hommes pourront respirer librement qu’ils apprendront à nouveau ce que l’art peut-être. Aujourd’hui ils en mésusent comme d’un narcotique, pour se défaire, au moins pour quelques heures, de leurs tourments. L’art est pour eux une sorte d’eau de vie.
Souffrant de n’être pas asse reconnu, Freud semblait ignorer que son « splendide isolement » n’était qu’un fantasme et que, dans la réalité, son ouvrage sur le rêve suscitait autant de louanges que de critiques.
Tandis que Fliess progressait dans l’exploration de plus en plus irrationnelle de la bisexualité humaine, tout en prônant de dangereuses opérations des fosses nasales, Freud élaborait toute sortes d’hypothèses sur le psychisme humain.
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Quoi qu’il en soit, entre 1892 et 1895 ; la jeune et belle Emma Eckstein fut la principale victime des échanges cliniques et des divagations théoriques de Fliess et Freud.
[L'inconscient est] un processus servant à maintenir hors de toute forme de conscience, toutes les représentations pulsionnelles susceptibles de troubler la conscience subjective.
[Freud] distingue le conscient , équivalent de la conscience, le préconscient, instance accessible au conscient, enfin, l'inconscient "autre scène", lieu inconnu de la conscience.
A propos de ‘La création de la société psychologique du mercredi’…
En créant ce cénacle, ils cherchaient à calmer leurs angoisses et à donner corps à leur rêve d’un monde meilleur. Quand ils parlaient de leurs cas cliniques, ils se référaient le plus souvent à eux-mêmes, à leur vie privée souvent tumultueuse, à leur généalogie familiale compliquée, à leurs névroses, à leur identité juive, à leurs troubles psychiques et sexuels, à leur révolte contre leur père et souvent, à leur mélancolie profonde.
En un mot, ils formaient en quelque sorte une famille élargie et ressemblaient eux-même à leurs patients qui étaient issus d’ailleurs de la m^me classe sociale que la leur.
C’est ainsi que la grade « furia » chirurgicale qui déferla sur l’Europe de 1850 à 1890 frappait autant l’enfant masturbateur que la femme « hystérique ». N’étaient ils pas l’un et l’autre, comme d’ailleurs l’inverti (l’homosexuel) les acteurs les plus flamboyants de ce « dangereux supplément » ?
Ils avaient en tout cas pour point commun, aux yeux du regard médical, de préférer une sexualité auto-érotique à une sexualité procréatrice.
Chaque école psychanalytique a son Freud – freudiens, post-freudiens, kleiniens, lacaniens, culturalistes, indépendants –, et chaque pays a créé le sien. Chaque moment de la vie de Freud a été commenté à des dizaines de reprises, et chaque ligne de son œuvre interprétée de multiples manières, au point que l’on peut dresser une liste, à la façon de Georges Perec, de tous les essais parus sur le thème d’un « Freud accompagné » : Freud et le judaïsme, Freud et la religion, Freud et les femmes, Freud clinicien, Freud en famille avec ses cigares, Freud et les neurones, Freud et les chiens, Freud et les francs-maçons, etc. Mais aussi, à l’intention de nombreux adeptes d’un anti-freudisme radical (ou Freud bashing) : Freud rapace, Freud ordonnateur d’un goulag clinique, démoniaque, incestueux, menteur, faussaire, fasciste. Freud est présent dans toutes les formes d’expression et de récits : caricatures, bandes dessinées, livres d’art, portraits, dessins, photographies, romans classiques, pornographiques ou policiers, films de fiction, documentaires, séries télévisée
Freud a passé sa vie à écrire, et même si un jour il détruisit des documents de travail et des lettres afin de compliquer la tâche de ses futurs biographes, il voua une telle passion à la trace, à l’archéologie et à la mémoire que ce qui fut perdu n’est rien en regard de ce qui a été conservé.