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Critique de Bigmammy


J'en ai pourtant lu des livres sur la Seconde guerre mondiale, la Résistance, le nazisme, des ouvrages d'histoire, des mémoires (Alias Caracalla de Daniel Cordier), la vie des Français sous l'occupation d'Henri Amouroux, la France de Vichy, les décisions fatales des généraux des deux côtés, les horreurs du génocide …

Et j'avais naturellement entendu parler du réseau de résistance du Musée de l'Homme, en y associant tout aussi automatiquement le nom de l'ethnologue et résistante Germaine Tillon (1907 – 2008), rescapée de Ravensbrück et panthéonisée en 2015.

Mais j'ignorais tout de ce que représentait alors la philosophie et les objectifs populaires du musée de l'Homme, inauguré en 1938 en tant que défi au racisme qui gangrénait alors le monde, et pas seulement l'Allemagne.

Ce livre n'est pas un roman graphique ordinaire.

Certains commentateurs l'ont même qualifié de « bizarre ». Comme c'est bizarre … Il se donne la mission de mettre en lumière l'action – parfois désordonnée, artisanale, maladroite, naïve, follement dangereuse – d'un groupe de scientifiques – mais pas que – qui furent parmi les insoumis de la première heure, opposants à une occupation qui leur est particulièrement odieuse.

A la qualité du dessin, très peu de couleurs – le jeune, le vert, le violet – appliquées en larges aplats, la simplification des personnages répond le sérieux des références regroupées en fin de volume. Les bulles sont essentiellement des extraits de textes authentiques : témoignages des uns et des autres, lettres de condamnés à mort à leur famille, comptes-rendus de procès, mémoires.

Ici sont rendus à la mémoire nationale ces héros qui poursuivaient un seul objectif : faire connaître la vérité en publiant et en distribuant au péril de leur vie un journal clandestin, récupérer des aviateurs anglais et leur trouver des filières d'évasion vers l'Espagne, transmettre à Londres des plans des positions allemandes.

Le héros principal de cette terrible histoire est Boris Vildé (pseudo : Maurice). Mais aussi la bibliothécaire Yvonne Oddon, Anatole Lewitsky, le directeur du musée Paul Rivet, Agnès Humbert, Léon-Maurice Nordmann, la Comtesse de la Bourdonnaye, Jean Cassou, Claude Aveline, Marcel Abraham, Simone Martin-Chauffier, Sylvette Leleu, René Sénéchal, Georges Ithier, Thérèse Béguinot, Gisèle Joland, Pierre Walter, Jacqueline Bordelat, René Creston …

Boris Vildé, fils d'émigrés russes, linguiste spécialiste des civilisations arctiques, ethnologue, était le chef du réseau du Musée de l'Homme, il fut fusillé au fort du Mont-Valérien – je pense encore à la récente profanation de ce haut lieu du martyre. Il écrivait à sa femme dans sa dernière lettre qu'il espérait « qu'on rende justice à notre souvenir après la guerre, ça suffit. »

Il est grand temps. Et je dis Honte à ceux qui galvaudent aujourd'hui les termes de Résistance, Liberté, et protestent contre le drapeau de l'Union Européenne !

Deux suggestions : lire une première fois le scénario puis relire avec les notes de fin de volume au fur et à mesure, pour mieux comprendre le contexte.

Et, pour la Mairie de Paris, puiser dans cette liste de femmes héroïques des idées pour renommer certaines voies de la capitale, si pauvres en références féminines (seule Aubervilliers, me semble-t-il a nommé une de ses rues Yvonne Oddon).

Opprobre sur les traitres qui ont vendu le réseau de leurs collègues aux occupants : de duo Erouchkowsky/Fédorowsky et surtout Albert Gaveau (1901 – 1990), grassement rémunéré par les nazis, jugé en 1949 et habilement défendu par l'avocat d'extrême-droite Jean-Louis Tixier-Vignancourt, condamné après la guerre mais mort dans son lit à 89 ans …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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