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Critique de colka


En refermant ce roman de Laurine Roux : Une immense sensation de calme, je me suis dit que son titre était un beau trompe-l'oeil.
L'histoire que nous conte l'auteure n'est en effet pas de tout repos, tant elle nous ballotte dans des mondes dépaysants, souvent aux confins de la réalité et de l'imaginaire, le tout écrit avec une subtilité narrative qui nous conduit à suivre presque que malgré nous ce fil d'Ariane qu'elle tisse depuis le début du roman.
Un ancrage plutôt réaliste, avec l'évocation de la taïga, des samovars, des tempêtes de neige, des babas qui fument la pipe au coin du feu, nous fait bien sûr penser à ces contrées lointaines de la Russie où la nature hostile règne en maîtresse et plie les hommes qui y vivent à ses dures lois. C'est dans ce monde qu'évolue la narratrice au début du roman. Recueillie par un couple de pêcheurs, alors qu'elle allait mourir de froid, elle évoque ce monde rude et fruste avec maints détails réalises qui nous font partager au plus près la vie de ces hommes et de ces femmes aux moeurs très rudes. Dépaysement garanti !
Sa rencontre avec Igor va être un des points de bascule du récit. Nous entrons alors dans une autre dimension, celle qui nous entraîne du réalisme vers la légende et parfois le conte. D'abord via le personnage d'Igor, sorte de force tellurique qui ne fait qu'un avec le monde environnant. Et l'amour qui naît entre la narratrice et ce dernier va prendre une dimension cosmique qui défie la réalité la plus triviale !
Dès lors la légende ne cesse d'infuser tout le récit par la voix de deux femmes qui sont de merveilleuses conteuses. Baba est la première : grand-mère de la narratrice, c'est elle qui se fait la passeuse vers un récit familial un peu mythifié dont elle est la détentrice. Grisha est la seconde : guérisseuse et chamane, c'est elle qui détient les secrets qui relient tous les personnages du roman ou presque au monde du surnaturel. Ces deux "babas" nous entraîne dans un monde où la guerre, la violence et la haine, évoquées de façon à la fois très métaphorique et réaliste côtoient le merveilleux dans sa forme la plus pure : dialogues avec les morts grâce aux transes chamaniques, humains devenus des sortes d'entités maléfiques ou bienveillantes.
Tout l'art de Laurine Roux vient du fait qu'elle nous prend par la main et nous emmène sans que l'on s'en rende compte aux frontières du surnaturel où passé et réalité présente se mêlent, se confondent et resurgissent dans de beaux récits poétiques comme celui qui nous conte
l'histoire de Kolia Ivamenka devenue "femme-poisson" dans l'imaginaire collectif.
Un roman qui n'est pas non plus sans quelques maladresses, vite oubliées si l'on accepte de voir le monde sous un autre angle... On comprend beaucoup mieux alors l'ambiguïté du titre...
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