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Critique de bgbg


bgbg
06 décembre 2020
Essai philosophique qui se présente « non comme une fiction d'après une histoire vraie (ce qu'il est en première approximation), mais comme une recherche pour approcher par tous les moyens littéraires la “vérité“ d'un univers disparu. »
Dans l'Espagne puis le Portugal d'après la Reconquista, les Juifs, “convertis“ ou “marranes“, toujours persécutés, ne se sentent pas à l'aise et beaucoup émigrent. À la toute fin du XVIe siècle la famille de Spinoza part en France, à Nantes, puis, après y avoir commercé une vingtaine d'années, rejoint Amsterdam où est déjà installée une importante communauté juive. Laquelle est l'objet de querelles en partie animées par un certain Uriel da Costa qui se rebelle contre des fidélités au Livre et aux traditions qu'il juge dogmatiques et fallacieuses. le Rabbi Menasseh, qualifié de philochrétien, prendra une certaine relève dans la contestation, tandis que le Rabbi en chef Morteira se chargera de la continuité des traditions et réorganisera la Synagogue d'Amsterdam en créant le Mahamad, sorte de Conseil supérieur centralisant la Justice et les sanctions dans la communauté.
Bento Spinoza naît en 1632. Éduqué dans une institution hébraïque, une Yeshiva, il manifeste assez tôt une nette indépendance d'esprit. Celle-ci sera nourrie plus tard par des amitiés avec des personnalités comme Pieter Balling, Isaac et Simon de Vries, Jarig Jellesz, etc. Il fera la connaissance de Franciscus van den Enden, professeur de latin qui anime une école et se révèlera bien plus tard un ardent révolutionnaire décidé à fonder une république en Bretagne. Il se liera également avec Sténon, un éminent anatomiste qui reniera sa foi protestante pour devenir un ardent pèlerin catholique, ainsi qu'avec Adriaen Koerbagh, encyclopédiste et l'anglais Oldenburg avec qui il entretiendra une correspondance passionnée, enfin avec l'allemand Leibnitz.
Le XVIIe siècle découvre ou approfondit les sciences, fondamentales ou appliquées, les mathématiques, la géométrie, l'astronomie, les lois de la pesanteur, l'optique, etc. Tout cela, qui exige rigueur et méthode, devient vite incontournable, faisant de la Raison le credo de l'époque. Descartes acquiert le statut de référence absolue. Bien d'autres penseurs foisonnent en Europe.
Armés de la Raison cartésienne, Spinoza et ses amis en font le soutien de la Foi et de la Sagesse, plaçant Dieu dans leur Panthéon, mais un Dieu dont ils redéfinissent les contours. Accusé d'athéisme, Spinoza s'en défendra vigoureusement. Seulement son Dieu à lui n'est pas de chair, à l'image de l'homme, et omnipotent, mais assimilé en fait à la Nature, au monde, intégré à soi. C'est le principe absolu de l'existence.
L'ambition de l'auteur, Maxime Rovere, spécialiste de Spinoza, était de mêler des faits réels, établis, des citations - matière pour les historiens -, avec des extensions fictives, romanesques, de manière à montrer « comment la pensée trouve son chemin dans le concret d'une vie ». le résultat est animé, mouvementé même et tourne non seulement autour de Spinoza, mais aussi de ses proches, de son milieu intellectuel, de la communauté juive (qui l'a excommunié), des mouvements politiques et militaires de l'époque. Les passages “romancés“ alternent avec des considérations philosophiques continues, relevées par l'auteur dans des écrits ou des archives, ou élaborées par Rovere lui-même, comme une série de pensums, de concepts, de synthèses. Mon sentiment au terme de cette lecture est tout de même et avant tout, d'avoir lu un manuel de philosophie… masqué, et pourtant de n'avoir pas vraiment été imprégné par le spinosisme, pensée complexe appréhendée sommairement ou par bribes, et qu'il me reste à approfondir.
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