- Parle. Il me reste peu de patience, et le jour touche à sa fin. (Luz)
Le tranchant mordit le cou du père Putnam, en guise d'avertissement.
- Suivez le Dieu de la Vérité. Ses valeurs sont éternelles, commença-t-il à sermonner pour répondre à la menace. Mon humble mission est de guider toutes ces âmes perdues pour qu'elles Le rejoignent en ces heures sombres et chaotiques.
Luz marmonna un juron. L'inépuisable faculté des membres de cette paroisse à radoter l'excédait. Le même discours, en toutes circonstances. Fatigant, répétitif et pompeusement creux. Elle fut sur le point de le décapiter, juste pour le réduire au silence, une bonne fois pour toutes. Une voix la fit suspendre son geste.
- Comment l'avez-vous obtenue ? Normalement cette pièce devrait être au musée du Caire.
Avant qu'Allen puisse dire un mot sur sa trouvaille dans l'entrepôt, Soum adressa une grimace insistante au bibliothécaire, le pressant de développer sa réponse.
- C'est un fragment du trône royal de Toutânkhamon. Le style de la sculpture sur bois révèle des survivances de la période amarnienne, avec cette naturalisation qu'Akhénaton, son père, imposa dans l'art. La disproportion typique des corps en témoigne, même si l'oeuvre est postérieure au schisme et à la chute du pharaon. La scène représente le couple royal : Toutânkhamon et la grande reine Ânkhsénamon. Le dieu Soleil, Aton en théorie, Râ pour beaucoup, leur dispense ses rayons.
- Que veux-tu dire ?
- C'est une période trouble. Certains interprètent la survivance de l'art répudié de l'Amarna dans cette sculpture comme un ultime pied de nez aux prêtres de Râ, qui détruisirent totalement le culte d'Aton après la mort du pharaon. Pourquoi se trouve-t-elle ici aujourd'hui ?
- Quelqu'un l'a laissée chez moi. Un avertissement peut-être ?