Aragon exploite la valeur mémorielle d’un témoin des Cent-jours dont la version des faits ne correspond pas toujours à la version officielle : le peintre Théodore Géricault, âgé de 24 ans en 1815, n’est encore qu’un jeune talent prometteur, ayant tout du héros stendhalien jeune et beau. De belle prestance dans son élégant uniforme militaire, il fait partie de la compagnie de mousquetaires chargée d’escorter le roi Louis XVIII fuyant vers Gand.
Sa “manie” de la peinture s’impose comme l’orientation et l’accomplissement de toute une vie. Géricault est un artiste à l’image du héros romantique solitaire, au cœur vide, mal à l’aise dans son siècle, arraché à ses toiles, à lui-même, sans plus d’illusions après le bain de sang de la Révolution, et qui a pris le parti des victimes et non des vainqueurs.
Et l’on peut, pour expliquer ce « goût du Moyen Âge » énumérer encore bien d’autres raisons, semblables à celles de la période romantique mais articulées différemment : de la projection sur cette période du désenchantement de la société industrielle et technocratique, à la nostalgie pour un temps où la spiritualité l’emportait sur l’économisme, où l’homme entretenait des rapports harmonieux avec la nature, où les corps étaient peu contraints, où les rapports humains étaient plus directs et conviviaux, où la marginalité était acceptée et participait à l’ordre même de la société.