Avec
Pris dans la nasse,
Ann Rule poursuit sa quête de vérité à travers son travail d'investigation dont la rigueur lui a valu une reconnaissance internationale. Son style peut également paraître aride et sans affects parce qu'elle ne décrit que des faits objectifs, avérés, sans jamais laisser transparaître ses convictions personnelles. Son but n'est ni d'accuser, ni de disculper, mais de comprendre, dans une démarche de reconnaissance des souffrances des proches des victimes, sans jugement envers les suspects ou coupables.
Pris dans la nasse étudie un fait divers qui a nécessité une décennie pour son élucidation, au gré des interruptions de l'enquête ou de sa réactivation, à la faveur de nouveaux témoignages ou recoupements, et dont la genèse s'étale sur un demi-siècle. Dans son avant-propos,
Ann Rule tient à préciser que « ce meurtre contient autant de facettes qu'un diamant finement taillé, si nombreuses qu'elles nuisent à sa crédibilité, que ce soit en tant que fiction ou que fait réel », et que le récit qu'elle en fait peut paraître tiré par les cheveux ou sans cohérence, tellement est trouble la réalité au sein de laquelle ont évolué un millier de personnes, aux personnalités et modes de vie différents. C'est vrai que certains chapitres peuvent apparaître un peu confus ou trop denses.
Bienvenue sur l'île de Whidbey, dans l'Etat de Washington, où le 27.12.03 est découvert le corps sans vie, affalé sur le volant de son 4 X 4, de Russel Douglas, mort d'une balle dans le front. Pour accréditer la thèse du suicide, il faudrait une arme. Elle ne sera jamais retrouvée. Pour Mike Birchfield et Mark Plumberg, vient de commencer une des enquêtes les plus ardues de leur carrière de policiers. Leurs investigations les mèneront en Oregon, dans l'Idaho, au Nevada, au Nouveau-Mexique, en Floride, au Texas, en Alaska et au Mexique, et ce, durant 10 années. Dès le départ, tout part de biais, quelque chose cloche : le portrait que dressent respectivement, Brenna, épouse séparée mais non divorcée de Russel, et Fran, sa maîtresse de 10 ans son aînée, ne semblent pas concerner le même homme que la première décrit comme un détraqué sexuel, et la seconde comme un homme timide et respectueux. Il ne s'agit que du point de départ de l'histoire.
Impossible de résumer davantage ce fait divers aux ramifications nombreuses et complexes, qui prouve, s'il en est encore besoin, que la réalité bat souvent à plates coutures la plus sophistiquée des fictions, aussi débridée que soit l'imagination du meilleur romancier.