AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric76


À dire vrai, je savais peu de choses sur Hannibal. Quelques images d'Épinal tout au plus. La traversée des Alpes. Les éléphants. D'interminables parties de cache-cache avec les légions romaines. Une tranche d'histoire brumeuse avant Jésus Christ
Quel plaisir de lecture, ce livre de Paolo Rumiz qui parle avec fascination, presque avec amour du grand Hannibal ! Quelle joie de se cultiver, d'apprendre, d'ouvrir des portes donnant sur des mondes inconnus de cette manière aussi peu orthodoxe.
Pas de cours magistral, mais plutôt une longue discussion avec une personne cultivée et fantasque à la terrasse ombreuse d'un café en buvant un bon verre de vin (peut-être plus d'un) ; mais plutôt une course au trésor, palpitante, échevelée, avec son lot de surprises et de déconvenues.
Nous allons accompagner Paolo Rumiz qui a décidé de poursuivre pas à pas le mythe. Une épopée légendaire. « Vingt mille kilomètres parcourus depuis l'Afrique par l'Espagne, la France jusqu'à l'Italie, et au-delà en Arménie et en Turquie… »
Avec pour unique référence les écrits de Polybe et de Tite Live, il va essayer de retrouver les parcours par où ce diable d'homme est passé avec son immense armée et ses éléphants, reprenant la géographie d'il y a 2000 ans où les routes n'existaient pas, où les fleuves ne suivaient pas le même chemin qu'aujourd'hui.
Il a de géniales intuitions quand il remarque qu'Hannibal suit la route prise par Hercule. À se demander si l'homme ne cherchait pas à soigner sa légende… Il tordra le cou à de fausses vérités… Celles pour appâter les touristes, car Hannibal, avec son étrange don d'ubiquité, est passé partout. Celle des fascistes italiens qui montraient du doigt cet ancêtre des juifs fourbes, cruels et corrompus.
Il a approché l'homme, ce solitaire incompris sans ami et sans femme, ce vrai meneur d'hommes, ce génial tacticien, cet éternel victorieux qui finira pourtant vaincu.
La guerre entre Carthage et Rome n'est pas seulement un conflit entre deux cités, entre deux armées. C'est une lutte sans merci entre deux mondes, et chacun sait que le perdant disparaîtra à tout jamais de la surface de la terre.
Sacrés Romains quand même ! Après toutes ces raclées infligées par ce démon d'Hannibal, ils refusaient toujours la défaite… Imaginez en quinze ans de guerre, l'équivalent d'un Azincourt, puis d'un Waterloo, puis d'un Sedan, avec en prime un petit Dunkerque… Et Rome, malgré les apparences de la débâcle, refusant de mettre un genou à terre… C'est ce caractère trempé dans l'acier, cette intransigeance surhumaine, qui vainquirent le grand Hannibal. C'est après la bataille de Cannes, sa plus grande victoire militaire, à une dizaine de jours de marche à pied de Rome qu'il comprit qu'il avait perdu la guerre…
Les romains ont beaucoup appris d'Hannibal et de leurs échecs successifs. Ils ont imité ses ruses, ses stratégies d'enveloppement, ses offensives éclairs. C'est un peu grâce à lui que Rome s'est sentie la force de se lancer à la conquête du monde connu.
De ce livre formidable, j'ai retenu une phrase. Je ne sais plus si elle est de l'auteur ou d'une autre personne : « Les dieux n'existent pas, ce sont des hommes qui ont laissé derrière eux des souvenirs impérissables ». Hannibal, à n'en pas douter, était un de ceux-là.
A lire absolument, quand bien même Hannibal ne vous passionne guère. A lire pour la démarche entreprise par l'auteur ; à lire pour le rêve…
Commenter  J’apprécie          887



Ont apprécié cette critique (88)voir plus




{* *}