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Critique de JohnArthur_M


Je préviens d'avance que cette critique va être longue. Désolé, mais j'ai pas mal de choses à dire, donc ne me jetez pas trop de pierres, hein ? ^^

24h ont filé après la fermeture de ce pavé... 24h qui ont été nécessaire pour prendre du recul et construire un avis objectif. Blood Song m'a - je dois bien l'admettre - pris au dépourvu, du fait de ce déluge de grands noms braillés à tort et à travers en quatrième de couverture. Je m'attendais à une pâle copie de ces grands maîtres, mais voilà que l'auteur parvient quand même à faire entendre sa propre voix.
En bref, cette lecture m'a plu. Les choses tiennent bien debout, du moins en grande partie. Pour le monde, rien à redire. Les noms sont bien choisis, les religions et systèmes très intéressants. Les personnages, même s'ils n'atteignent pas tous une très grande profondeur psychologique, sont attachants, en particulier lors de l'enfance, et aussi à la toute fin, que j'ai trouvé bouleversante.
Pour ce qui est de l'intrigue, le premier mot qui me vient à l'esprit est : dense. Dense et de bonne qualité, malgré les quelques erreurs commises par l'auteur - que je développerai un peu plus tard. Blood Song est certes un premier roman, et même si l'on ressent les procédés d'exposition dans la partie d'apprentissage de Vaelin, de nombreux points d'intrigue viennent nourrir l'histoire et rehausser l'intérêt. de ce côté-là, comme de celui des tortures psychologiques constantes infligées à Vaelin, on ne peut pas dire que Anthony Ryan ait chômé.
Et l'une des plus grandes qualités de ce roman est qu'il bouleverse. Les tribulations de Vaelin et ses compagnons ne m'ont pas laissé indifférent, entre sa haine pour son père, ce qu'il subit lors de son apprentissage et ses épreuves, la désillusion que lui cause la guerre, ses émois, ses décisions finales... Un livre qui parvient à m'impliquer émotionnellement ne peut qu'obtenir mon approbation.

Cependant, je ne peux pas mettre la note maximum. Un certain nombre d'erreurs viennent ternir le tableau. En premier lieu - et c'est purement subjectif de ma part -, l'absence de démultiplication des points de vue. On peut me dédaigner et me traiter de Game-of-thrones-maniac, mais voici ce que je répliquerais : imaginez-vous un instant à la place de Vaelin, à qui adviennent tous les ennuis possibles. Vous pensez vraiment que, même avec les meilleures qualités du monde, vous réussiriez à endurer autant sans devenir dingue ? Moi, non. Mon goût du réalisme me pousse à dire non. D'où la nécessité d'avoir plusieurs points de vue, histoire d'alléger les peines de notre pauvre Vaelin et ainsi crédibiliser un peu plus l'histoire.
Le second bémol, que beaucoup ont déjà souligné, concerne la structure du roman. D'abord, il y a trop d'ellipses, ce qui rend non seulement la lecture parfois hâchée, mais qui nous perd en plus en terme de temporalité - j'avoue avoir été un peu largué par un flash-back mettant en scène Vaelin et l'Aspect Arlyn. Une autre chose gênante concerne le gros décalage entre ce qu'apprend Verniers et ce que nous apprenons nous-même. A quoi bon faire dire à Vaelin que ce qu'il raconte au scribe est la vérité quand ce n'est pas le cas ? A mon sens, seul deux témoignages de Verniers valaient vraiment : le premier et le dernier, l'un pour nous interroger sur le pourquoi et le comment des choses, l'autre pour relater la suite des événements dans l'ordre chronologique. Tout ça pour dire qu'Anthony Ryan, en voulant créer une structure originale - ce qui est tout à son honneur -, a malheureusement buté sur une racine aussi saillante que les abdominaux de Vaelin - ah ! les romances idéalisées...
La chronique commence à se faire longue, mais je terminerai sur un dernier point dérangeant : est-ce moi qui rêve, ou certaines des décisions prises par Vaelin relèvent de l'incohérence et de l'absence de réflexion ? J'ai eu beau tâcher de ne pas tiquer trop longtemps pendant la lecture, je ne peux m'empêcher d'y repenser. En particulier celle de partir seul retrouver Nortah en territoire dangereux, ou encore de démettre de ses fonctions un officier qui a la présence d'esprit de vouloir fuir devant une armée de 20 000 hommes... Comme d'autres, je pense que l'auteur n'a tout simplement pas voulu faire de fioritures et a emprunté des raccourcis de scénario afin de mener ses personnages directement là où il le désirait. En voilà un, tenez, un autre intérêt de multiplier les points de vue... Que Vaelin soit resté indécis devant la conduite a tenir et que Dentos ou Frentis ait pris les choses en main, voilà qui aurait été tout aussi intéressant.

Ainsi, maintenant que je vous ai bien assommés, je lance le mot de la fin : Blood Song, malgré ses quelques faiblesses, est un très bon roman aux qualités indéniables et prometteuses. Inutile de l'accabler de comparaisons élogieuses si l'on finit par les oublier au fil de la lecture. J'attends donc la suite sans grande patience, en espérant qu'elle sera à la hauteur de son précurseur et que ses défauts seront corrigés, contrairement aux épreuves...
Merci à Bragelonne, merci à Babelio... et merci à vous, chers membres, qui auront réussi à venir à bout de cette chronique.
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