AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Malaura


Il est un écrivain qui n'arrive plus à écrire, s'occupe de la maison en attendant l'inspiration, se laisse complètement aller, mange des chips et boit de la bière ; un esprit mou dans un corps mou.
Elle est une pétulante agent littéraire, est la seule à subvenir financièrement aux besoins du foyer ; féminine jusqu'au bout des ongles, active, énergique, elle prend soin de son corps qu'elle rationne de tofu et de thé vert.
Ils sont mari et femme, leur couple est au point mort, ils ont décidé de se séparer.
Mais en ouvrant les yeux ce matin-là, chacun va faire une découverte pour le moins inattendue, totalement déconcertante, angoissante, surréaliste.
Il se réveille dans son corps à elle.
Elle se réveille dans son corps à lui.
Incompréhension absolue...ils crient...chacun dans le corps de l'autre.
Il est elle et elle est lui.
« Pour une séparation, c'est raté ».
Il va donc falloir supporter ce qu'il arrive et apprendre à vivre avec le corps de l'autre, un conjoint que l'on ne pouvait même plus voir en peinture !
Chacun va donc expérimenter ce qu'il n'envisageait même pas chez son partenaire : travail, regard des autres, sexualité, rapport au corps, souffrance, douleur, érotisme, désir, maternité, paternité…
Une expérience qui leur permettra de mieux se comprendre l'un l'autre et peut-être recoller les morceaux d'un mariage qui partait à vau l'eau…

Découvert avec « le libraire » et « Zéro tués », le jeune auteur d'origine brésilienne Régis de Sà Moreira s'attelle avec « Mari et femme » à une exploration du couple, fantaisiste et délurée.
Fantaisiste en premier lieu par l'extravagant moyen employé pour mettre en oeuvre cette expérimentation : la transmutation des corps qui permet à chacun des protagonistes de ressentir au plus près, charnellement, viscéralement, tous les troubles, émotions, perceptions et autres sensations, liés au corps de son conjoint.
Fantaisiste également par la narration même du roman où l'emploi de la deuxième personne du singulier, bien que déconcertant au départ, n'en est pas moins très ingénieux pour faire participer le lecteur, un « Tu » qui l'implique facilement dans une histoire cocasse, étayée par de nombreuses situations comiques.
Les personnages du mari et de la femme, volontairement caricaturaux, aux caractères très opposés, aux divergences très prononcées, permettent à l'histoire de fonctionner habilement tout en évitant cependant l'écueil de la parodie.
Rondement mené, avec un sens du rythme endiablé que renforce l'utilisation des phrases courtes, des paragraphes brefs et des nombreux retours à la ligne comme dans un poème en prose, le récit surréaliste de Régis de Sà Moreira aborde les problèmes de couple et dévoile les incompréhensions et les difficultés qui régissent les relations homme-femme avec une belle dose d'humour, de tendresse et d'espoir en l'amour renaissant.
Fable loufoque, « Mari et femme » est un roman tout à fait divertissant, ludique et sans prétention, que l'on prendra plaisir à découvrir dans les moments où une lecture légère et décomplexée s'impose pour décompresser.
Commenter  J’apprécie          280



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}