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Critique de bdelhausse


Nager dans les eaux troubles des lendemains, attendre ici la fin, flotter dans l'air trop lourd du presque rien. A qui tendre la main?

C'est un peu la vie des 3 C, Claudia, Chris et Charlie (Charlotte). Elles sont ados dans les années 60. Elles posent, snobent les garçons, tout en suscitant convoitise, interrogations et concupiscence. Monica Sabolo distille les informations l'air de rien, au gré d'un remonte-pente ou d'une raclette-party. Viols, grossesse non désirée, attouchements. C'est aussi le quotidien des 3 C, pauvres petites filles riches qui ont grandi trop vite.

Si les androïdes rêvent de moutons électriques, à quoi rêvent les filles qui n'ont même plus besoin de désirer quelque chose parce qu'elles l'ont. Bien sûr, je ne vais pas plaindre cette jeunesse dorée dépeinte par Monica Sabolo. Mais la lecture du roman au premier degré n'est certainement pas suffisante.

Car le drame est là, tapi dans une congère, dans une épingle à cheveu qui se négocie trop vite. Dans une valise pleine de diamants ou de titres au porteur que l'on échange subrepticement dans un hall de banque ou à l'arrière d'une Merco Benz.

Et Claudia peut se dire que si elle doit tomber de haut, que la chute soit lente... Mais elle ne sera pas exaucée. Elle ne trouvera de repos que dans l'indifférence. Ou dans le souvenir des gens qui l'ont croisée. Elle aurait sans doute voulu retrouver l'innocence. Tout est chaos. A côté. Tous ses idéaux, des mots abîmés.

La chanson de Mylène Farmer colle parfaitement à l'atmosphère du roman de Sabolo. D'autres chansons collent au roman. La bande-son est clairement italienne, on pense à Gigliola Cinquetti citée par Sabolo (Non ho l'eta...). Une génération désenchantée. Car elle avait tout et n'en a rien fait, finalement. Rien d'autre que se regarder le nombril. Clairement, le roman ne doit pas se lire au premier degré. Monica Sabolo dépeint un désoeuvrement, un désenchantement. Elle n'en fait certes pas l'apologie. Il y a du vitriol (à mon avis) dans ses mots.

C'est un roman du basculement, de personnages qui perdent pied car ils sont sans repères. L'adolescence, Mai 68, le fait de vieillir ensuite, d'être remplacé... Roman profondément triste, amer. Il est impossible de s'attacher à des personnages aussi décalés, évanescents, détachés des contingences. Je ne crois pas que Monica Sabolo attende de l'empathie de la part du lecteur. Elle décrit le vide des sentiments. Et un tel vide ne conduit nulle part, ou oblige à ressasser le passé, encore et encore. Et c'est ce que font les 2 C en "invitant" la fille de la 3è C à évoquer le fantôme de sa mère. Pathétique... Les personnages sont pathétiques et creux. Mais pas le roman, ne pas confondre.
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