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Critique de chartel


Ma récente lecture de "La philosophie dans le boudoir" du marquis Donatien Alphonse François de Sade me conforte dans cette idée d'une place forcément oppressante des religions, et de leurs inscriptions obligatoires dans des systèmes politiques qui ont pour but l'asservissement des peuples . On ne doit pas accorder la moindre petite place aux religions dans l'organisation de nos sociétés. Je chérie l'idée même de laïcité dans notre république française et je tremble lorsqu'elle est mise à mal par les sectateurs des divers clergés, car c'est ma liberté de penser qui est directement entravée.
Même si les progrès ont été notables depuis la Révolution de 1789, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour que la société dans son ensemble accepte le fait que le bonheur n'est pas une entité que l'on atteint grâce aux autres mais grâce à soi et sans aide extérieure. Qu'il sera doux le temps où chacun pourra goûter librement son bonheur sans vouloir l'imposer à ses voisins.
Mais je ne suis pas aussi extrémiste que Sade qui rejette aussi la compassion chrétienne. Je suis convaincu que l'un des éléments qui nous définit en tant qu'humain est cette force de compassion envers autrui, l'amour du prochain comme « ils » disent. Si nous n'étions pas capable d'aimer nous serions alors comme des bêtes, ce que souhaitait être Sade en quelque sorte puisqu'il recommandait de laisser libre cours à nos instinct naturels. Mais si je suis son raisonnement, la nature nous a dotée de la capacité d'aimer et de juger nos actes et nos pensées. Il est donc faux de dire que nous sommes libres lorsque nous nous laissons complètement aller. D'ailleurs, dans les situations où nous perdons vraiment nos moyens de contrôle, notamment sous l'emprise des drogues, nos facultés cérébrales sont complètement déréglées. Cela signifie bien que la nature nous a dotée d'un outil de haute régulation de nos humeurs et de nos instincts primitifs. Je parle de haute régulation car je pense que d'autres espèces vivantes ont plus ou moins cette capacité. Je ne suis pas spécialiste de la question mais il serait intéressant de se renseigner sur les études faites dans ce domaine.
Bref, le principe de Sade, si on pousse sa logique jusqu'au bout, ne tient pas la route. Naturellement nous sommes des êtres raisonnables, à l'inverse des animaux. Ainsi, Sade fut un déréglé permanent, un malade mental, un dangereux personnage.

Je comprends son penchant épicurien, mais il est beaucoup trop extrémiste et despotique. Si notre recherche du bonheur passe forcément par l'assouvissement de nos désirs, elle ne peut pas s'en satisfaire. Car après en avoir goûté, on sent bien qu'il manque encore quelque chose, ce fameux mystère dont je parlais précédemment, cette sensation indéfinissable qui ne s'atteint jamais mais que l'on peut approcher chacun à sa manière. Consommer ce que l'on désirait ne nous satisfait qu'un instant, car le désir revient toujours aussi vif, et souvent plus encore, quelques heures plus tard. On rejoint le paradoxe de notre système social et économique qui se base sur l'accumulation et le développement exponentiel des richesses par la consommation de biens matériels plus ou moins inutiles et dispensables.
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