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Critique de mumuboc


2ème Lecture
"Ils savaient aussi que ce moment était exceptionnel et que rien de mieux ne pouvait être donné à un être humain que la découverte de son complément. Imprévisible, mais à présent inéluctable, la passion physique allait faire, de ce qui aurait pu être, entre eux, une passade - une véritable histoire. (p68)"

Il s'agit pour moi d'une relecture. La première avait eu lieu en 2016 et je n'en gardai aucun souvenir (merci mon blog et Babelio de me le rappeler). L'occasion du challenge Sacrées femmes m'a fait parcourir ma bibliothèque et il m'a paru comme une évidence de lire (ou donc relire) Françoise Sagan qui a marqué une époque mais également un style de littérature.

Et je vous avoue que cette relecture a été un grand plaisir. Je n'avais qu'une hâte c'était de rejoindre l'histoire de ce quadrille amoureux où jeunesse et âge mûr se confrontent. Les premiers ne résistent pas à la pulsion amoureuse mais sans vouloir faire souffrir pour autant ceux avec qui ils vivent, les seconds, plus au fait de la vie et de ses aléas, pour Diane attendant d'être face à l'évidence, pour l'autre, Charles, faire preuve de sagesse et même s'il souffre, faire confiance à ce qu'il sait de Lucile, de ce qu'elle est et de ce dont elle a besoin, sachant qu'un jour ou l'autre elle lui reviendra.

Quel très beau roman et à la différence de ma première lecture, j'ai trouvé que la manière dont l'auteure retrace une histoire d'amour sur trois saisons : Printemps avec l'éclosion de l'amour entre Lucile et Antoine, Eté avec son épanouissement et Automne avec son flétrissement, était tout simplement d'une implacable justesse. 

"-D'où vient l'expression "la chamade" demanda le jeune Anglais à l'autre bout de la table;
-D'après le Littré, c'était un roulement joué par les tambours pour annoncer la défaite, dit un érudit.(p249)"

Elle fait évoluer ses personnages dans un univers qu'elle connaît et maîtrise pour y avoir eu ses entrées, la jet-set parisienne, ses codes, ses figures, où l'argent s'expose, est assumé et entretient les liens. Il n'y a pas de jugement mais simplement le constat de ceux qui y vivent mais l'ensemble s'oriente malgré tout vers une certaine mélancolie, un constat doux-amer car elle confronte deux manières de vivre l'amour. La première de façon confortable même s'il ne s'agit pas d'amour fou mais d'amour paisible et l'amour fou, incandescent mais confronté aux réalités de l'existence. 

Lucile est ce qu'elle est et Charles l'accepte telle qu'elle est alors qu'Antoine voudrait la voir changer, la faire entrer dans son monde à lui, celui où il faut avoir une activité, travailler, s'investir. Tous les personnages sont attachants (peut-être un peu moins Diane car un peu moins présente) et on ne voudrait presque pas les voir souffrir et pourtant la souffrance guette.

"Elle s'étira, ferma les yeux. Cela devait arriver, elle savait que cela devait arriver, les hommes étaient horriblement fatigants. D'ici après-demain, elle devrait prendre une décision et c'était un des mots de la langue française qui lui faisaient le plus horreur. (p127)"

Car, nous qui observons, voyons les premiers indices qui apparaissent et annoncent que cette histoire d'amour est promise à s'éteindre par les réactions de Lucile, son regard désabusé sur l'univers d'Antoine, sa chambre, le manque du confort auquel l'a habitué Charles. Elle croit, dans un premier temps, pouvoir passer au-delà de tout cela, n'écoutant que l'appel de ses sens et voulant croire qu'elle peut changer, qu'elle peut être autre différente de la femme-enfant insouciante. L'auteure confronte également la préalable position des deux jeunes amants entretenus chacun par une personne plus âgée, l'un en tant qu'homme et l'autre en tant que femme, cette dernière étant pour Lucile "normale" et pour Antoine "humiliante" :

"Elle aimait les objets, elle aimait ces fichus objets, il en faisait partie, il une pièce maîtresse de son luxe, il était un jeune homme entretenu. Pas vraiment, non, bien sûr, mais il dînait chez "ses amis", il dormait dans "son appartement", il vivait "sa vie". Il avait beau jeu de juger Lucile. Au moins Lucile était une femme. (p118)"

J'ai trouvé que le roman était le reflet d'une époque, d'un monde mais également une observation fine des caractères, de leurs attentes à chacun, l'écriture est très fluide, efficace, ne cherchant pas à "enrober" les faits ou les sentiments, mais à les restituer tels qu'ils sont, l'auteure en étant le témoin.. Une histoire d'amour ou plutôt plusieurs histoires d'amour et de comportements amoureux où chacun cherche sa place ou celle qu'il voudrait avoir ou tenir mais qui se confrontera à ce qu'il est vraiment et l'assumer. L'amour est-il toujours synonyme de bonheur ?

J'ai beaucoup aimé.

Il y a eu une adaptation cinématographique en 1968 d'Alain Cavalier avec Catherine Deneuve et Michel Piccoli.

1ère Lecture :Lucile, jeune femme vit avec Charles depuis 2 ans. Il lui assure une vie sans soucis, vie oisive et insouciante mais lors d'un dîner Lucile fait la connaissance d'Antoine, travaillant dans l'édition et en couple avec Diane, femme plus âgée dont il n'est pas amoureux.
Entre Lucile et Antoine c'est l'amour fou et au non de cet amour ils se sépareront de leurs compagne et compagnon mais l'amour fou dure-t-il, résiste-t-il au quotidien, Lucile va-t-elle réussir à devenir une femme active ????
Françoise Sagan aborde à nouveau le couple, dans le milieu bourgeois et "jet set" avec ses trahisons, ses complots etc....
Histoire découpée en 3 saisons (Automne, Hiver et Printemps). Comme toujours l'écriture est fluide, vive, directe et l'analyse des personnages est fine et sans complexe.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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