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sur 167 notes
De Karen Blixen (1885-1962), nombreux sont ceux qui avaient oublié l'existence et l'oeuvre… jusqu'à la magnifique adaptation à l'écran par Sydney Pollack en 1985 de son roman autobiographique : « Out of Africa » - traduit en français par « La Ferme africaine ». Succès planétaire pour ce film qui met en scène Robert Redford, Klaus Maria Brandauer et – dans le rôle de Karen Blixen – une Meryl Streep à l'apogée de son talent. Personne n'a oublié, je crois, les paysages somptueux, les kikuyus, les chants massaï, la musique de John Barry et celle de Mozart, les désillusions et les drames, ni la romance tragique entre les deux amants qui vaudront immédiatement à la Baronne – de son nom de plume Isak Dienesen – et à son oeuvre un immense regain d'intérêt.

Dominique de Saint Pern prend prétexte de la préparation de ce film et de la nécessité où elle imagine que se trouve alors Meryl Streep d'enquêter plus avant sur l'héroïne qu'elle incarne pour introduire dans son roman une narratrice, Clara Svendsen : celle qui fut pendant presque vingt ans la secrétaire et la dame de compagnie autant que le souffre-douleur de Karen Blixen, dont elle devint l'exécutrice testamentaire. Par ce petit tour de passe-passe littéraire, elle nous ouvre les portes de l'existence tumultueuse et tourmentée de « la Baronne », de son tempérament passionné, volcanique et intransigeant, de sa personnalité complexe, exclusive et parfois cruelle, de son imaginaire aussi et de son écriture.

Nous l'accompagnons dans ses voyages, dans ses amours, dans ses paradoxes et dans sa fantaisie, et elle nous fait cortège, cette femme fière et singulière à la liberté exigeante et hautaine, rongée par la souffrance, la maladie et la solitude ; nous l'escortons au coeur de la brousse, dans sa maison de Rungstedlund, à New-York ou à Londres, jusque dans l'intimité de son travail et de son écriture – elle qui fut longtemps pressentie pour un Prix Nobel de Littérature qu'elle n'obtiendra jamais et qui connaîtra la gloire avant de sombrer dans un provisoire oubli.

Le texte est beau, les psychologies finement analysées, la construction habile. Dominique de Saint Pern est à l'évidence entrée en empathie avec cette Baronne qu'elle sait nous rendre proche et presque familière sans pour autant sacrifier à l'hagiographie ni rien dissimuler des aspérités de son caractère, et elle nous offre avec ce récit sensible et très documenté le portrait d'une femme et d'un écrivain hors du commun dont l'oeuvre de haute stature – « Out of Africa », bien sûr, mais également les « Contes d'hiver » ou les « Sept Contes gothiques » - a su conquérir aujourd'hui une place de choix dans la littérature.

Un bon moment de lecture qui donne envie de lire - ou de relire - l'oeuvre de Blixen et fait revivre pour le lecteur, l'espace de quelques heures, l'esprit rebelle de cette femme indomptable, excessive et flamboyante, à qui « en échange de son âme, Satan avait promis que tout ce qu'elle vivrait deviendrait une histoire ».
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Mais qui était vraiment la Baronne Blixen ? En 1985, lorsque Out of Africa de Sidney Pollak est sorti au cinéma, j'ai découvert l'étonnante histoire de Karen Blixen, une danoise au caractère bien trempé, partie vivre au Kenya durant quelques années d'extraordinaires aventures. J'ai ensuite dévoré son livre de souvenirs, La ferme africaine, et j'ai adoré le festin de Babeth, un film magnifique inspiré par l'une de ses nouvelles. L'idée d'aller gratter derrière l'histoire romantique qui m'avait subjuguée à l'époque n'était pas faite pour me déplaire et je tiens à remercier les Editions Stock et Babelio de m'avoir permis de découvrir Baronne Blixen de Dominique de Saint Pern, une biographie déguisée en roman, absolument passionnante, fouillée et tout en nuances…
Karen Blixen avait sa part d'ombre et de lumière, séductrice, amoureuse, conteuse, tour à tour courageuse et perverse, elle s'est complètement révélée en Afrique. Tout a commencé par des chagrins d'amour, le décès de son père lorsqu'elle était enfant et le désintérêt total pour elle d'un homme dont elle était follement amoureuse. Elle épousa finalement son frère jumeau, Bror qui l'entraina au Kenya pour s'occuper d'une ferme. Monsieur était très volage et lui laissa comme seuls cadeaux de mariage, le titre de Baronne et la syphilis.
Elle aima de toute son âme les terres qu'elle cultivait avec obstination mais aussi Denys Finch Hatton, un guide de safari cultivé. Cette double passion la dévora toute entière, la laissant exsangue et ruinée après le décès accidentel de Denys qui s'éloignait d'elle et la faillite économique de sa ferme.
L'indomptable Tania rentra alors au Danemark et se mit à écrire sous le nom de plume d'Isak Dinesen. C'est alors qu'elle engagea Clara Svendsen, la narratrice du roman devenue plus tard son exécutrice testamentaire. On découvre alors une Karen Blixen blessante et parfois méprisante avec cette jeune femme qui mit toute sa vie au service de son oeuvre, se laissant vampiriser par une femme au charme électrique.
Adulée par les écrivains danois, La Baronne entama une relation malsaine et passionnée avec Thorkild Bjornvig, un jeune poète qui accepta de signer un pacte avec elle, devenant son jouet et elle, sa muse. Cette histoire machiavélique assombrit considérablement le portrait de cette femme troublante qui s'est accrochée à la vie jusqu'au bout en éblouissant les dîners mondains new-yorkais malgré les souffrances et la maladie.
La Baronne Blixen était assurément une lionne et Dominique de Saint Pern, en conteuse tout aussi talentueuse qu'elle, m'a donnée envie de relire La ferme Africaine et de découvrir Sept Contes gothiques et Les Contes d'hiver...


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« Il existe un dieu pour veiller sur les légendes en perdition. Pour sauver les étoiles un peu oubliées. » C'est ainsi que débute « Baronne Blixen », le roman de Dominique de Saint Pern, décidée à jouer le rôle de ce dieu des grands hommes (et des grandes femmes en l'occurrence!) et à rendre à Karen Blixen tout son éclat, toute l'intensité d'une vie riche en émotions, en aventures mais aussi en désillusions…

En se basant sur l'autobiographie de Karen Blixen : « La ferme africaine » ainsi que sur les nombreux témoignages recueillis, Dominique de Saint Pern imagine, à travers la voix de Clara Svendsen (ou Selborn), la dame de compagnie de cette femme fantasque pendant plus de vingt ans mais aussi son exécutrice littéraire, ce que fût sa vie depuis son arrivée à Nairobi en 1914 jusqu'à son retour au Danemark en 1931. Elle raconte le coup de foudre de Karen Blixen pour l'Afrique, cette terre aride qui recèle mille dangers mais dont la beauté et la richesse vous subjuguent à jamais. Elle nous ouvre les portes de son intimité, revenant sur son mariage avec Bror, un homme volage qui lui transmettra la syphilis mais pour lequel elle éprouvera toujours une profonde tendresse. On y découvre une femme passionnée qui se consumera pour Denys Finch Hatton, grand aventurier épris de liberté et amis des deux époux. Un triangle amoureux qui n'aurait été possible nulle part ailleurs mais qui prendra tout son sens sur ces terres sauvages et exotiques.

Mbogani et Nairobi deviendront la raison d'être de Karen. Elle n'aura de cesse de se battre pour ses terres, pour son exploitation de café, pour « ses gens » et leur culture fascinante. Ce n'est que le coeur brisé qu'elle abandonnera tout ce qu'elle a construit, faute de rendements suffisants, pour retourner au Danemark, la tête pleine d'odeurs, de couleurs et d'images qu'elle ne reverra plus. Naîtra alors la Karen Blixen écrivain, auteur de contes et de mémoires qui la rendront célèbre. de chasseuse de lions elle devient démiurge, consacrant son temps à l'écriture et à la vie artistique de son pays, encourageant les jeunes créateurs, jouant avec les coeurs et faisant naître des passions au gré de ses envies.

Femme du monde, aventurière, conteuse hors pair, amoureuse exaltée, Karen Blixen donne l'impression d'avoir vécu plusieurs vies en une seule. Dominique de Saint Pern nous offre un portrait passionnant et foisonnant de cette femme remarquable, aux multiples facettes. Une rencontre riche et marquante qui donne envie d'en apprendre encore plus, de revoir « Out of Africa » et de lire, enfin, « La ferme africaine ». Un roman aux airs de biographie, mais sans les contraintes qui vont avec et qui permet de rendre justice à l'un des plus beaux portrait de femme que j'ai pu lire !

Difficile dans ces conditions de ne pas tomber sous le charme de cette baronne hors normes, au caractère bien trempé, qui masque ses faiblesses par un esprit vif et impétueux. L'écriture soignée et fluide sert à merveille la rencontre entre le lecteur et Karen Blixen, développant pour son sujet une empathie croissante et durable. Un roman bien rythmé, à la fois tendre, fort et passionnant, qui rend un magnifique hommage à la femme de lettres et à l'éternelle amoureuse que fût la baronne Blixen.


Un énorme merci à Babelio et aux organisateurs du Prix Relay des Voyageurs-Lecteurs pour cette très belle découverte !

Challenge Variétés : Un livre avec un triangle amoureux
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Pas vraiment sympathique la baronne : paternaliste avec les uns mais autoritaire et dominatrice avec les autres. Son portrait réalisé par Dominique de Saint Pern est assez éloigné de l'image glamour incarnée par Meryl Streep au cinéma.
Après l'épopée africaine qui représente la meilleure partie de sa vie, le retour forcé au Danemark auprès de sa famille est une rude épreuve qui l'a probablement aigrie même si elle s'interdit l'auto-apitoiement.
Je ne saurais expliquer pourquoi mais j'ai des doutes sur la façon dont l'auteure interprète l'étrange relation qui la liera dans sa vieillesse avec le poète Thorkild Bjornvig, trente ans de moins qu'elle. Il est totalement sous sa coupe et à ses ordres et pas seulement sur le plan artistique, de la même façon que sa dévouée secrétaire et exécutrice littéraire Clara Selborn dont les souvenirs ont été précieux pour la biographe.
Un bon moment passé avec une sacrée bonne femme aussi admirable qu'exécrable.
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Quel délice de passer ainsi du Kenya au Danemark en suivant les traces d'une grande dame excentrique!
Baronne, aventurière, propriétaire d'une plantation en Afrique, puis écrivain, Karen Blixen ne pouvait qu'inspirer les biographes. Dominique de Saint-Pern prend le parti de commencer cette biographie lorsque Karen Blixen a déjà une quarantaine d'années et s'apprête à quitter le Kenya contre son gré, alors qu'elle y a vécu dix-neuf ans.
Elle choisit également Clara Selborn, exécutrice littéraire de l'écrivain, comme narratrice réinventée de ce roman qui la voit rencontrer Meryl Streep à l'occasion du tournage de Out Of Africa. Les deux femmes, selon la volonté de la biographe, passent ainsi des moments d'échanges et de rencontres autour de la vie que Blixen a menée au Kenya une cinquantaine d'années plus tôt. Sa ferme, les gens de sa plantation, puis ses luttes, son attachement à ses terres, son amour pour Denys Finch Hatton, ses exubérances frivoles, tout cet univers se dessine sous nos yeux, empli de senteurs et des couleurs flamboyantes de la savane.

Au-delà de cette histoire personnelle, on y lit cette faune d'enfants d'aristocrates danois, anglais, norvégiens, enfants terribles d'un vieux monde dans lequel ils étouffent et vivant sur cette terre sauvage comme sur un terrain de jeu: drogues, sexe, safaris, un monde incestueux dans lequel tout le monde est lié d'une manière ou d'une autre; on peut y deviner enfin la voix distante mais présente de Dominique Saint-Pern, qui, sans condamner le comportement de ces colons, n'hésite pas à montrer, parfois, leur paternalisme révoltant.

Clara Selborn ne connaît le passé de Karen Blixen en Afrique que par ce que celle-ci lui en a dit, car la jeune femme, à l'époque, ne rencontrera celle qui l'envoûtera, au point de lui faire quitter des études prometteuses pour se mettre à son service, qu'au Danemark.
Deuxième partie du livre. Seule, séparée de son mari qui au passage lui aura transmis la Syphilis, la plantation en faillite, la voilà donc contrainte de rentrer vivre auprès de sa mère et d'être traitée, alors qu'elle a quarante-huit ans, comme une jeune fille sans expérience. En 1933, le poids de la société sur les femmes célibataires est encore très lourd. Cependant, grâce à ses frère et soeur, elle se plonge dans l'écriture et une nouvelle étape de sa vie commence, remplie de rencontres littéraires et d'élans furtifs jusqu'à cette rencontre avec Thorkild Bjornvig, jeune poète danois qu'elle envoûte comme elle seule sait le faire. La Karen Blixen machiavélique, sorcière, se dessine peu à peu sous des dehors de plus en plus méprisables, et pourtant, on continue à s'attacher à elle.

La lecture de ce roman a été un vrai bonheur, notamment par toutes ces images d'Out Of Africa de Sydney Pollack, qui me revenaient régulièrement. la deuxième partie, au Danemark, m'a plus semblé être une succession de petits événements, parfois maladroitement assemblés, et j'aurais aimé avoir plus de références à son travail d'écrivain, mais ce livre m'a donné envie de me plonger dans l'oeuvre de la baronne.

Je remercie vivement Babelio, le Prix Relay et les éditions Stock pour cette belle découverte!
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Il y a bien longtemps que j'aurais abandonné ce livre si je ne m'étais pas engagé à un commentaire. Je me souviens pourtant avoir vu "out of Africa" et en garde un bon souvenir, même si le nom de Baronne Blixen ne me rappelle rien. le livre commence par une interminable première partie, d'une centaine de pages, à la façon d'une préface, sans autre intérêt que d'introduire le véritable sujet. Ce n'est qu'avec la deuxième partie, que la vie de notre extraordinaire baronne, commence enfin. On espère alors retrouver cette femme exceptionnelle et les grands espaces africains, mais cent pages plus loin, c'est déjà fini avec le retour désabusé de notre héroïne au Danemark, et avec lui de nouveau l'ennui d'une troisième partie, récit épique des débuts de notre baronne dans l'écriture. C'est avec consternation que je me suis engagé dans la quatrième partie, avec de nouveau mise en scène notre groupie, narratrice de la " préface", mêlant sa propre histoire à celle de la baronne. C'en était trop, j'ai survolé la fin. Arriver à s'ennuyer en lisant la vie si riche d'une femme au caractère exceptionnel, je pense que ce livre n'était pas fait pour moi. le fait est que je n'ai pas accroché â cette biographie d'un autre âge où, comme dit l'éditeur en quatrième de couverture, on savait aimer, écrire et mourir en beauté, oubliant de préciser, "pour une classe sociale de fortunés privilégiés". Erreur de casting, en ce qui me concerne. Vous avez compris, je n'ai pas aimé mais ce n'est qu'un avis personnel.
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La journaliste Dominique de Saint-Pern narre la vie tourbillonnante de Karen Blixen et fait le portrait d'une femme courageuse, indomptable, féministe et envoûtante qui vécut deux existences totalement différentes, une en Afrique comme fermière, et l'autre au Danemark, où elle devint écrivain à succès.
Cette biographie déguisée en roman est divisée en quatre parties (Nairobi 1984, Kenya 1930-1931,Danmark 1931, Rungstedlund 1942-1954)
Karen Dinesen est née en 1885 au sein d'une famille bourgeoise de Rungstedlund au Danemark. Elle épouse en 1914 à Mombasa, au Kenya, le baron Bror von Blixen-Finecke, frère jumeau de celui qui était son grand amour. Volage, son mari lui transmettra la syphilis.
« La Ferme africaine », roman autobiographique et adapté au cinéma en 1985 par Sydney Pollack avec Robert Redford et Meryl Streep, relate cette découverte émerveillée des grands espaces africains.
Affaiblie par la syphilis, perturbée par le divorce d'avec son mari Bror en 1925, Karen Blixen vit sa plus grande histoire d'amour avec Denys Finch Hatton. Aventurier, guide de safari, charismatique et érudit, celui-ci l'encourage à écrire. Mais ce dernier meurt lors d'un accident d'avion. Seule et ruinée par l'engloutissement de son capital dans l'achat puis la gestion hasardeuse de sa ferme, elle doit regagner le Danemark en 1931.
Elle écrit alors sous le pseudonyme d'Isak Dinesen.
Ses « Sept contes gothiques » sont édités en 1934. « La Ferme africaine » sort en 1937. Confinée au Danemark occupé pendant la guerre, elle publie « Les contes d'Hiver » en 1942.
Elle engage Clara Svendsen comme secrétaire après la Seconde Guerre mondiale qui deviendra peu à peu sa dame de compagnie jusqu'à son dernier souffle, ce qui fera d'elle son exécutrice testamentaire littéraire. ( Dominique de Saint Pern en fait son héroïne pour éclairer le caractère et la vie de la Baronne Blixen).
A la fin de sa vie, elle règne en souveraine adulée sur une cour de jeunes écrivains et intellectuels danois dont un jeune poète, Thorkild Bjornvig, de trente ans son cadet, avec lequel elle entretient une relation passionnée et machiavélique et signe « un pacte » où le jeune poète deviendra la marionnette, la proie, de sa muse tyrannique. Cette histoire est racontée par Bjornvig dans le Pacte.
Elle entreprend un voyage de quelques mois aux États-Unis en 1959. Elle meurt le 7 septembre 1962 à Rungstedlund.
Aidée par une documentation maîtrisée, des voyages au Danemark et en Afrique, en immersion dans l'oeuvre de la baronne, Dominique de Saint-Pern mélange fiction et réalité et nous offre ici un voyage extraordinaire et plusieurs facettes de Karen Blixen tantôt magnétique, tantôt perverse.

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Un roman plutôt qu'un récit. de toute façon, la vie de Karen Blixen est un roman, dont elle a elle-même mis en scène une grande partie dans "La ferme africaine", succès interplanétaire relayé par celui du film de Sydney Pollack, "Out of Africa". Impossible en parcourant les premières pages de cette "Baronne Blixen" d'empêcher les images du film de se surexposer au texte. Karen Blixen et Denys Finch Hatton ont définitivement les traits de Meryl Streep et de Robert Redford. Pourtant, sous la plume de l'auteure, la seconde partie de sa vie, moins connue, fait apparaître un personnage presque monstrueux, torturé autant par la maladie que par la passion. Romanesque jusqu'à son dernier souffle.

La première partie nous plonge donc en Afrique. L'auteure utilise le personnage de Clara Svendsen qui fut la secrétaire de Karen puis, après sa mort, l'administratrice de son oeuvre littéraire. Sur le tournage de "Out of Africa", Clara tente de raconter la vraie Karen à Meryl Streep afin que celle-ci peaufine son interprétation. Cette partie, tous ceux qui ont vu le film la revivront avec plaisir et retrouveront l'ambiance autant que les images (sauf que le vrai Finch Hatton perdait ses cheveux... Aïe, le mythe en prend un coup.). Il faut croire que Clara a bien raconté, ce qui explique aussi le succès du film. Pas grand-chose de neuf donc mais un vrai plaisir de survoler à nouveau l'Afrique dans l'avion de Denys. Et pas de miracle non plus : il s'écrase toujours et Karen l'enterre avant de quitter le Kenya, ruinée.

Cette période a marqué Karen Blixen pour toujours et son retour au Danemark est difficile. Son attachement à l'Afrique était réel, sa passion pour Denys exceptionnelle. Il lui faut se réadapter au climat, aux moeurs... Et supporter la douleur que son corps, rongé par la syphilis (cadeau de Bror Blixen, son mari à peine six mois après leurs noces) lui inflige. Elle qui captivait Denys en lui racontant des histoires se tourne vers l'écriture. Avec le succès fulgurant que l'on sait. Et ne renonce pas à la passion. Sa dernière tocade s'appelle Thorkild Bjornvig, il a trente ans de moins qu'elle et deviendra un poète célèbre.

Hors norme. C'est l'expression qui vient à l'esprit pour qualifier cette femme libre, qui a défié toutes les conventions faisant passer sa passion avant tout. Dominique de Saint Pern est loin de l'hagiographie, au contraire, elle dessine une héroïne qui suscite des sentiments très ambivalents mêlant admiration et crainte, pitié et colère. Une femme au caractère entier, en représentation permanente, soucieuse de satisfaire son public, consciente d'entretenir sa légende.

Exercice très intéressant qui, s'il ne révèle aucun élément caché ou oublié de la vie de Karen Blixen, parvient à faire toucher du doigt ce qu'est une personnalité. Une vraie. A une époque où elles avaient encore la possibilité de s'épanouir. Pas sûr que l'on puisse de nos jours croiser une Karen Blixen.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Quelle a été ma joie lorsque j'ai découvert la publication de Baronne Blixen ! J'ai lu La Ferme Africaine à 18 ans, dans une petite chambre d'étudiant, tard le soir. Au lieu de réviser les ennuyeuses kholles du lendemain, j'ai voyagé sur un autre continent et dans un autre siècle. Karen Blixen m'a permis de voyager à un moment de ma vie où j'en avais terriblement besoin et elle a ouvert pour moi une fenêtre sur le monde et sur l'Afrique. Ce roman compte pour moi et je lui dois beaucoup.
Baronne Blixen est un roman autobiographique sur la plus célèbre des auteurs danoises. Dominique de Saint Pern nous entraîne sur les pas de Karen Blixen pendant quelques années seulement.

La première partie du roman débute par le tournage de Out of Africa et relate la rencontre de Meryl Streep et Clara, ancienne secrétaire de Karen Blixen et sa testamentaire littéraire. Ensemble, elles visitent des lieux chers à Karen Blixen, retrouvent Tumbo l'enfant noir aimé par Karen devenu grand-père et Clara permet à Meryl Streep de comprendre l'auteur et de rentrer petit à petit dans son rôle. A l'ombre de la terrasse d'une maison dans laquelle Karen venait se réfugier lorsque les ennuis la poursuivaient, Clara raconte à Meryl Streep et aux lecteurs les années qui ont conduit Karen Blixen à la faillite et son retour au Danemark.

Dans la deuxième partie, Dominique de Saint Pern se concentre alors sur l'effondrement d'une femme qui avait tout donné à sa ferme. Karen Blixen, la chasseresse, la planteuse de café, la protectrice de ses kikuyus, la femme aimée par Denys Finch Hatton ne cesse de voir le sol s'effondrer sous ses pas et perd tout ce qui lui permettait de vivre: sa ferme, son amour et sa liberté. Loin du très beau film de Pollack Out of Africa, Dominique de Saint Pern ne nous raconte pas l'apogée de la vie de cette aventurière et de cette amoureuse passionnée mais elle nous relate son lent déclin et ses multiples renonciations. Elle nous dresse le portrait d'une femme ruinée mais héroïque qui se bat pour défendre les droits de ses gens et qui accepte de perdre l'homme qu'elle aime au profit d'une autre avec dignité. Karen et Denys ne forment plus le couple idéalisé par le cinéma américain mais leur histoire passée et revécue par Karen jusqu'à la fin de sa vie n'en reste pas moins flamboyante.

Dans la troisième partie du roman, le lecteur assiste à la résurrection du phénix qui renaît de ses cendres. Karen Blixen ne peut plus être l'aventurière qu'elle a été, elle doit alors se trouver un nouveau masque et s'inventer de nouveau comme un auteur pourrait le faire pour ses personnages. Au Danemark, elle travaille sur son propre personnage de conteuse aristocrate et de sorcière qui envoûte les jeunes poètes des environs. Karen Blixen devient alors le grand auteur nobélisable. Dans sa vie privée, elle joue les tyrans et les protectrices. Elle tyrannise Clara, sa secrétaire, elle passe un pacte digne du diable avec un jeune poète danois et elle manipule son monde comme un marionnettiste pourrait le faire avec ses marionnettes selon Dominique de Saint Pern. La dernière partie du roman relate le déclin physique de l'auteur et sa gloire américaine.

J'ai adoré ce roman qui se lit avec beaucoup de plaisir. L'auteur a choisi de ne pas aborder certains moments de la vie de Karen Blixen, j'étais donc contente d'avoir lu cet été la très riche et complète biographie de Judith Thurman qui me permettait de compléter les manques que d'autres lecteurs ont pu avoir. J'ai beaucoup aimé la construction du roman et la plume de Dominique de Saint Pern.

J'ai eu la chance de visiter la maison de Karen Blixen au Danemark cet été et j'ai vraiment adoré pouvoir visualiser les différentes pièces et le parc décrits par la romancière. Baronne Blixen m'a également permis de faire un voyage dans le temps et j'avais l'impression d'être de nouveau dans la maison de Karen Blixen !

Pour conclure, si vous aimez les romans d'aventures, les romans d'amour et si vous aimez lire des destins de femme flamboyants, ce très beau roman ne peut que vous plaire !
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
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J ai refermé ce livre totalement de glace face aux tourments de cette icône de la litterature, de cette baronne insupportablement snob et de plus en plus tyrannique .Hormis de belles descriptions de paysages , l'ennui montait ..et tandis que je tournais les pages de cette bio romancée, je rêvais de bonté, de charité, de simplicité. ....et de lions vengeurs...
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