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Citations sur Portraits et souvenirs (32)

Bizet n’était pas un rival, c’était un frère d’armes ; je me retrempais au contact de cette haute raison parée d’une blague intarissable, de ce caractère fortement trempé que nul déboire ne pouvait abattre. Avant d’être un musicien, Georges Bizet était un homme, et c’est peut-être, plus que tout, ce qui lui a nui.
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GEORGES BIZET
Quelques années plus tard, les circonstances étaient autres, et l’accès des concerts ne nous était plus fermé. En revanche, la crise théâtrale commençait, cette crise qui dure encore, bien que la situation semble s’améliorer.

— Puisqu’on ne veut pas de nous au théâtre, disais-je souvent a Georges Bizet, réfugions-nous au concert !

— Tu en parles à ton aise, me répondait-il, je ne suis pas fait pour la symphonie ; il me faut le théâtre, je ne puis rien sans lui.

Il se trompait évidemment ; un musicien de cette valeur est partout à sa place.
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Son grand cœur, il apparaît tout entier dans le livre consacré à Chopin. Où d’autres auraient vu un rival, Liszt n’a voulu voir qu’un ami et s’est efforcé de montrer l’artiste créateur là où le public ne voyait qu’un séduisant virtuose. Il écrivait en français dans un style bizarre et cosmopolite, il prenait partout et jusque dans son imagination les mots dont il avait besoin ; nos modernes symbolistes nous en ont fait voir bien d’autres ! Malgré cela, le livre sur Chopin est des plus remarquables et aide merveilleusement à le comprendre.
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Liszt a l’inappréciable avantage de caractériser un peuple. Schumann, c’est l’âme allemande ; Chopin, c’est l’âme polonaise ; Liszt, c’est l’âme magyare, faite d’un savoureux mélange de fierté, d’élégance native et d’énergie sauvage. Ces qualités s’incarnaient merveilleusement dans son jeu surnaturel, où se rencontraient les dons les plus divers, ceux même qui semblent s’exclure, comme la correction absolue et la fantaisie la plus échevelée ; paré de sa fierté patricienne, il n’avait jamais l’air d’un monsieur qui joue du piano. Il semblait un apôtre, quand il jouait Saint François de Paule marchant sur les flots, et l’on croyait voir, on voyait réellement l’écume des vague furieuses voltiger autour de sa face impassible et pâle, au regard d’aigle, au profil tranchant. A des sonorités violentes, cuivrées, il faisait succéder des ténuités de rêve ; des passages entiers étaient dits comme entre parenthèses.
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La source mélodique coule abondamment dans ses œuvres, un peu trop même au gré de l’Allemagne et de ceux qui vont prendre le ton chez elle, affectant un véritable mépris pour toute phrase chantante régulièrement développée, et ne se plaisant qu’à la polyphonie, fût-elle lourde, embarrassée, inextricable et maussade ; peu importe, dans un certain monde, que la musique soit dépourvue d’agrément, d’élégance, d’idées même et de véritable écriture, pourvu qu’elle soit compliquée ; c’est un goût comme un autre et cela ne saurait se discuter.
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Mais Liszt, cœur généreux, toujours prêt, à se dévouer pour une belle cause, avait compté sans l’esprit envahissant de son colossal et dangereux protégé, incapable de partager l’empire du monde, fût-ce avec son meilleur ami. On sait maintenant, depuis la publication de la correspondance entre Liszt et Wagner, de quel côté fut l e dévouement.
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Liszt, comme Berlioz, fait de l’Expression le but de la musique instrumentale, vouée par la tradition au culte exclusif de la forme et de la beauté impersonnelle. Ce n’est pas qu’il les ait pour cela négligées. Où trouver des formes plus pures que dans la deuxième partie de Faust (Gretchen), dans le « Purgatoire », de Dante, dans Orphée ? Mais c’est par la justesse et l’intensité de l’expression que Liszt est réellement incomparable. Sa musique parle, et pour ne pas entendre son verbe, il faut se boucher les oreilles avec le tampon du parti pris, malheureusement toujours à portée de la main. Elle dit l’indicible.
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Entrant résolument dans la voie ouverte par Beethoven avec la Symphonie pastorale et si brillamment parcourue par Berlioz, il déserte le culte de la musique pure pour celui de la musique dite « à programme » qui prétend à la peinture de sentiments et de caractères nettement déterminés ; se lançant à corps perdu dans les néologismes harmoniques, il ose ce que personne n’avait osé avant lui, et s’il lui arrive parfois, suivant l’euphémisme curieux d’un de ses amis, de « dépasser les limites du beau », il fait aussi dans ce domaine d’heureuses trouvailles et de brillants découvertes. Il brise le moule de l’antique Symphonie et de la vénérable Ouverture, et proclame le règne de la musique libre de toute discipline, n’en ayant plus d’autre que celle qu’il plaît à l’auteur de créer pour la circonstance où il lui convient de se placer.
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Comme chez Cramer et Clémenti, c’est surtout dans les Études (auxquelles l’auteur n’attachait peut-être pas autant d’importance qu’à telle ou telle autre de ses œuvres pour piano), qu’on rencontre le musicien supérieur. L’une d’elles, Mazeppa, n’a pas eu de peine à passer du piano à l’orchestre et à devenir un des Poèmes symphoniques.
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Incarnation incontestée du piano moderne, Liszt a vu, à cause de cela, jeter le discrédit sur sa musique, dédaigneusement traitée de « musique de pianiste ». La même injurieuse qualification pourrait être appliquée à l’œuvre de Robert Schumann, dont le piano est l’âme ; s’il n’a pas été qualifié ainsi, c’est que Schumann, — bien malgré lui, — n’a jamais été un brillant exécutant ; c’est qu’il n’a jamais déserté les hauteurs de l’art « respectable » pour s’amuser à des illustrations pittoresques sur les opéras de tous les pays, alors que Liszt, sans souci du qu’en-dira-t-on, semait à l’aventure, en prodigue, les perles et les diamants de sa débordante imagination.
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