Requiem pour un(e) trentenaire

Ce « Requiem » est en fait un coup de gueule contre la lâcheté et la laideur d'une époque peu enthousiasmante, contre la sottise d'une génération plus ou moins perdue et contre les bobos (parisiens) aussi décadents que ridicules. On ne peut pas vraiment parler de pamphlet car la construction du propos est trop brouillonne, alternant des passages mal étayés donc peu convaincants et des fulgurances souvent poétiques voire géniales. le pamphlet est un art difficile où de grands anciens s'illustrèrent à des époques où il était encore possible d'entendre des discours tonitruants ce qui n'est plus le cas aujourd'hui où tout doit être lisse, consensuel. « Etre rebelle c'est être comme tout le monde », « La démocratie, une façade destinée à duper les plus naïfs », constate tristement Salomé qui se veut anar, indigné, révolté, conchiant l'ultra-libéralisme et déplorant les dérives du féminisme tout en déclarant aimer et être aimé des femmes. En général, pas bien longtemps d'ailleurs. Epoque oblige. Avec les sites de rencontre comme « Meetic » ou « Adopte un mec », la marchandisation des corps et des sentiments est en marche... « Le prince charmant sent des pieds et la Belle au bois dormant est insomniaque. » Et si l'on est lucide, rebelle, dissident, on se retrouve vite assassiné « socialement à coup d'antisémitisme supposé, d'islamophobie prétendue, de néo-colonialisme pressenti, d'anti-féminisme ou d'homophobie latente. » Triste époque, sinistre évolution et pourtant l'auteur tout dépressif qu'il semble n'est pas totalement désespéré car il déclare : « Ce siècle sera décisif. Cependant, il n'est pas trop tard pour en faire une période charnière plutôt qu'un charnier supplémentaire. » Un essai assez court (130 pages seulement) plein de lucidité et plutôt agréable à lire pour qui adhère à cette « sainte colère » mais qui manque quand même de développement, de recul et de profondeur.
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