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Citations sur Portrait de l'Ecrivain en Animal Domestique (20)

Et lorsque Cindy( sa femme) fit part de ses inquiétudes devant une éventuelle diminution de leur fortune et des terribles restrictions qui risquaient d'en résulter, t'inquiète pas ,ma poule,lui dit-il,pas plus tard qu'hier j'ai vendu 10 millions de dollars les droits de diffusion de cette photo à HOLA,un magazine espagnol.
La photographie fit en France la une de GALA,qui en avait racheté les droits.
On y voyait Tobold ,le roi du hamburger poser un baiser sur le front d'un enfant somalien plein de morve et de mouches ,les jambes grêles, le ventre boursouflé, et d'immenses yeux noirs qui reflétaient toute la nuit du monde.
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Près de lui,j'appris quelque chose de mes propres mensonges.Je veux dire par là que sa rencontre m'amèna à renoncer ,non sans récris non sans dénégations, non sans mauvaise foi et demi-vérités, à une idée que je me faisais de moi et que je voulais que l'on se fît de moi,pour énoncer la chose brièvement.
J'appris enfin en bout de parcours ,le goût fervent du monde que je croyais avoir perdu et à force égale en moi,le goût de brocarder ce qui me semblait l'enlaidir, compliqué d'un savoir sur la dissimulation et ses ruses, que j'avais acquis dans la fréquentation des hommes de pouvoir.
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Près de lui,j'appris un monde ,j'appris les grands jeux,les grandes marques les grandes tromperies,les grandes manigances,les grands désastres menés avec l'assentiment de tous.J'appris les commerces juteux,les《 négos 》 ne visant que la guerre,les marchés qui se mangent eux-mêmes, les décisions prises à la légère et dont les effets s'averaient aberrants, mai j'appris aussi l'espoir,l'espoir opiniâtre, l'espoir entêté, l'espoir increvable qui se profilait constamment au travers de ces aberrations mêmes.
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Je dis Tobold plus brutal,plus sommaire et beaucoup plus grossier qu'il n'était ( des manières de rustre et à la bouche ,une cascade de mots vulgaires mêlés à des sentences pseudo-bibliques.)Je lui prêtai une existence imaginaire commencée dans une citée grise de la banlieue toulousaine pour se finir dans le fracas de Manhattan. Mais qu'on ne déduise pas de cette phrase que Tobold fût un personnage inventé de toutes pièces. On se méprendrait. Tobold le roi du hamburger avait croisé ma route le 20 septembre 2005.Et je vécus plus de dix mois dans son intimité.
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J'avais le cou meurtri à cause de la laisse, et l'esprit fatigué de l'entendre me dire C'est noté ? Vingt fois par jour C'est noté ? sur le ton qu'il réservait au personnel de service C'est noté ? Car je devais me rendre à l'évidence, j'étais à son service.Tenue de lui obéir, de l'admirer,de pousser des Oh, des Ah et des C'est merveilleux.Et j'avais beau me prétendre écrivain,j'avais beau me flatter de consacrer ma vie à la littérature, j'avais beau me convaincre du caractère romanesque de la besogne que j'avais acceptée ,inconsidérément ,il n'en demeurait pas moins que j'étais à la botte d'un patron promu par la revue CHALLENGE leader le plus influent de la planète, lequel m'avait chargée d'écrire son évangile ( c'etait le mot dont il avait usé mi-amusé mi sérieux ) d'écrire son évangile contre rétribution, et la somme qu'il m'avait offerte était telle que je n'avais pas eu le coeur de la refuser.
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Si le tact était désormais tenu pour une faiblesse, si l'érudition passait pour une prétention, l'effacement de soi pour une infirmité et le savoir-vivre pour une entrave à jouir,
alors il était logique que je me trouvasse dans ce merdier, me disais-je avec une complaisance écoeurante ...
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... pour tout le monde, elle est ma. Il en resta à cette aposiopèse. Mais le mot imprononcé devait résonner longtemps dans chacun de mes nerfs; les mots imprononcés sont souvent plus violents que les mots qu'on prononce, et ils se clouent en nous définitivement.
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Il n'y a pas de mais. Les hommes désormais ne veulent plus d'un ciel qu'ils savent vide. Ils préfèrent un panier garni.
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"Mais il ne prêta nulle attention à ma remarque. Il ne prêtait généralement nulle attention à mes remarques, qu'elles portassent sur les cérébrés, les décérébrés ou les décérébrants, sauf lorsqu'il éprouvait le besoin subit de se divertir. Il considérait en effet que, si les écrivains détenaient l'art délicieux d'amuser le bourgeois par trois saillies et deux mensonges, ils étaient d'une incidence nulle sur la marche du monde, totalement à la ramasse sur les questions d'économie, totalement inutiles et, de plus, fiers de l'être, des prétentieux, toujours à vous toiser du haut de leurs nuées, à vous juger en prenant des grands airs, à voir le mal partout, et à faire des mystères avec des mines spirites, tu ne l'écris pas ?"
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Les hommes ne s'aiment pas, écris-le. Et vivre ensemble leur est une pénitence. Quand saura-t-on l'admettre? J'eus un soupir. Ne m'interromps pas à tout bout de champ, m'ordonna-t-il. Les hommes sont méchants très volontairement, écris-le. Et leur soi-disant bonté n'est qu'une méchanceté qui dort et de repent. Les hommes sont méchants car leur méchanceté, tout simplement, les rend heureux, écris-le. La méchanceté les fait jouir, écris-le. La méchanceté les fait bander. Çà te la coupe ? Tu t'y feras. Et dans leur quête de jouissance, les hommes peuvent même devenir monstrueux ou complices du monstre, ce qui revient au même.
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