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Critique de cmpf



Un roman régional de Georges Sand que j'ai lu avec plaisir.
Deux univers, celui du Berry et ses paysans et celui du Bourbonnais avec ses forestiers et ses muletiers. Deux mondes différents donc vu à travers les amours de cinq jeunes et la passion de la cornemuse que partagent deux de ces jeunes gens.

Outre l'histoire, j'ai eu plusieurs sources de satisfaction. J'ai découvert non seulement la confrérie des sonneurs mais aussi celle des muletiers.

Le style m'a également séduite. Si ses paysans ne parlent pas patois, Sand a su intégrer la dimension régionale et campagnarde. Ce français courant agrémenté de mots du cru et de tournures particulières m'a tout de suite plu : “Et cependant, j'étais toujours jaloux de lui, parce que Brulette lui marquait toujours une attention qu'elle n'avait pour personne et qu'elle m'obligeait d'avoir aussi. Elle ne le taboulait plus et marquait de vouloir accepter son humeur telle que Dieu l'avait tournée, sans se fâcher ni s'inquiéter de rien.”

Malgré une foi très présente, un peu des croyances quasi de sorcellerie habitent aussi ce roman. “Ce n'était point seulement par ma grand-mère que je m'étais laissé conter que les gens qui ont la figure blanche, l'oeil vert, l'humeur triste et la parole difficile à comprendre, sont portés à s'accointer avec les mauvais esprits, et, en tout pays, les vieux arbres sont mal famés pour la hantise des sorciers et des autres.”

De plus j'ai trouvé dans les lignes suivantes un modèle de vie qui me semble tout à fait d'actualité. “...dansant vos bourrées traînantes dans des chambres ou dans des granges où l'on étouffe, vous faites, d'un jour de liesse et de repos, une pesanteur de plus sur vos estomacs et sur vos esprits ; et la semaine entière vous en paraît plus triste, plus longue et plus dure. Oui, Tiennet, voilà la vie que vous menez. Pour trop chérir vos aises, vous vous faites trop de besoins, et pour trop bien vivre, vous ne vivez pas.”
Le même personnage, un Bourbonnais, explique un peu plus loin ce qui lui semble être une vie riche. “Toujours sur pied, mangeant sur le pouce, buvant aux fontaines que je rencontre, et
dormant sous la feuillée du premier chêne venu, quand, par hasard, je trouve bonne table et bon vin à discrétion, c'est fête pour moi, ce n'est plus nécessité. Vivant souvent seul des semaines entières, la société d'un ami m'est tout un dimanche, et dans une heure de causette, je lui en dis plus que dans une journée de cabaret. Je jouis donc de tout, plus que vous autres, parce que je ne fais abus de rien.”

Enfin à l'encontre de certains romans qui mettent en scène des paysans à l'esprit lourd, ceux de Sand réfléchissent. “Dans les plaines, le bien et le mal se voient trop pour qu'on n'apprenne pas, de bonne heure, à se soumettre aux lois et à se conduire suivant la prudence. Dans les forêts, on sent qu'on peut échapper aux regards des hommes, et on ne s'en rapporte qu'au jugement de Dieu ou du diable, selon qu'on est bien ou mal intentionné.”

Je reviendrai donc à Georges Sand mais j'ignore si j'aurai la même impression d'oeuvre aboutie.

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