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Critique de Tachan


Je suis une fan de la première heure de Brandon Sanderson que je ne pourrai jamais assez remercier d'avoir donné une fin à La Roue du temps, probablement mon cycle de fantasy préféré. Je l'ai aimé dans cette reprise, tout comme dans chacun de ses projets solos, du moins ceux que j'ai lu jusqu'à présent. Je ne pensais donc pas que ce serait avec Yumi et le peintre des cauchemars que j'aurais une semi-panne de lecture…

Troisième tome de son projet secret écrit pendant le Covid qui en regroupe 4, je pensais que Yumi avec son univers japonisant et asiatique serait mon préféré. Ce fut mon calvaire d'une semaine… Première fois depuis fort fort longtemps que je n'arrivais pas à entrer dans une histoire et à fortiori première fois que la plume de Brandon Sanderson ne m'immergeait pas dans son univers. Que s'est-il passé ?

L'objet est pourtant fort joli – oui j'ai bien sûr pris la version reliée et illustrée… – mais ça ne suffit pas. L'univers était attrayant et chatoyant avec son histoire asiatique et manga, comme l'auteur en témoigne dans la postface. Oui, il y a un système de magie et même des mécanismes de narration fantastique qui me donnaient envie. Mais l'ensemble est tombé à côté, la mayonnaise n'a pas prise, l'émulsion n'a pas eu lieu et j'en suis la première déçue.

Je n'ai pas retrouvé la plume percutante et incisive de l'auteur. Il m'a bercé et souvent endormie pour ne pas dire ennuyée. Je n'ai pas retrouvé sa verve non plus, ses personnages sont gentils mais beaucoup trop lisses. Je n'ai pas retrouvé sa narration immersive et ses systèmes de magie ultra chiadés, remplis de descriptions de comment ça fonctionne et je suis donc restée grandement sur ma faim.

Je ne peux pas dire pourtant qu'il n'y a pas de bonnes idées. J'ai beaucoup aimé la construction du récit en duo avec d'un côté une espèce de prêtresse archi choyée et couvée qui invoque des esprits à coup de tours incertaines de cailloux, et de l'autre un jeune peintre dilettante pas reconnu qui lui aussi travaille avec les esprits mais ceux des cauchemars grâce à son art. Je trouvais très intéressante l'interpénétration de leur monde réciproque mais de manière non parallèle, Nikaro le peintre prenant la place et le corps de Yumi quand il était dans son monde, devenant la prêtresse en titre, tandis qu'elle avait sa propre existence et que lui était un fantôme quand ils allaient dans le sien. J'ai aimé partir à la recherche de la vérité avec eux, pour essayer de comprendre cet échange et leurs mondes, ainsi que le fonctionnement des esprits, mais que cela a tardé à venir.

Il y a vraiment un problème de narration dans cette histoire qui ne donne pas envie d'y revenir dès qu'on fait une pause. L'auteur passe énormément de temps à mettre en place la relation et les échanges des deux héros. Mais surtout il s'attarde sur tout un tas de détails inutiles qui ne servent pas vraiment à les construire, c'est le cas notamment sur tout l'aspect vestimentaire qui est décrit en long en large en travers à de multiples reprises. Pire qu'un magazine de mode ! Et pendant ce temps-là, nous qui aimerions avoir des détails sur leurs « pouvoirs » on n'en a pas. L'auteur reste extrêmement en surface. de la même façon, j'ai trouvé ses héros très linéaires, avec une évolution très réduite et surtout archétypale, rappelant les kdrama fantastique qu'on peut voir sur les écrans coréens. Je m'attendais à mieux de la part de Sanderson.

Il évoque une influence des mangas et des jeux vidéos, en dehors des archétypes qu'il utilise pour peindre à grands traits ses héros et leurs mondes, c'est très très léger. le parallèle entre Hikaru no go, dont il dit s'être inspiré, et son roman est encore à trouver ou alors c'est très tiré par les cheveux. On est plutôt dans un nouveau trip de l'auteur qui s'amuse à développer et faire des liens avec son grand maître univers : le Cosmere, mais comme je ne lis pas le monsieur pour ça, que je ne respecte pas l'ordre de ses parutions et que j'ai plein de trou dans sa bibliographie, ça ne m'intéresse absolument pas, voire ça pollue ma lecture, empêchant de la rendre fluide à plusieurs moments ^^!

Malgré toute la bonne volonté du monde, je me suis donc sacrément ennuyée pendant plus de la moitié de ma lecture. J'ai sorti les rames dès les premières pages. J'ai eu un regain d'intérêt lors de leur rencontre à tout deux, mais je suis vite ensuite tombée dans une routine vestimentaire et mode qui m'ennuyait. L'intérêt est revenu quand on a commencé à voir des liens, mais ce ne fut pas assez creusé pour soutenir mon attention. Et si la fin s'est lu avec bien plus d'appétence dans le dernier tiers, cela n'a pas suffit à sauver l'oeuvre. Même le final, n'a pas le coup d'accélération et la suspension d'étonnement que me fournissent d'habitude les romans de l'auteur. C'était long, trop gentil et fade. Dommage.

Malgré un bel objet, de beaux dessins, un univers qui avait tout pour me plaire, je suis restée la majeure partie du temps hermétique à cette lecture. Elle m'a pris un temps fou, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Je n'avais pas envie d'y revenir quand je m'arrêtais, une première chez l'auteur ! Contrairement à ses habitudes et malgré de belles promesses, l'univers asiatique bien que poétique et trop survolé, idem pour les personnages et leurs magies personnelles. Pour un auteur que je mets toujours en avant en matière de worldbuilding, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je vais donc aller avec d'énormes pincettes vers les deux autres romans de ce projet dont les résumés me tentent moins car j'ai peur de revivre le même moment de solitude ^^!
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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