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Critique de cedratier


« Rue Darwin » Boualem Sansal (Gallimard 240 pages).
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans les premières pages, peut-être à cause de quelques apparentes incongruités d'écriture, mais finalement, j'ai fini par m'immerger avec beaucoup de plaisir dans cette belle histoire, compliquée par de nombreux mélanges de périodes.
Un homme en quête de son passé, de son identité, de sa filiation, à cheval entre l'Algérie et la France d'aujourd'hui, l'Algérie d'hier et d'avant-hier. C'est assez passionnant, bien enlevé du point de vue de l'écriture, même si c'est foisonnant, au point de temps à autres de s'y perdre un peu. On suit les héritiers d'un bordel tenu par une matrone qui y fait fortune, place son argent, ses gens partout où elle peut. Les portraits son incisifs, aimants, même quand les personnages sont durs, telle la « grand-mère. » C'est un drôle de monde, là-bas de bouge, ici de fortunes faites. C'est poignant d'entrevoir la vie des femmes du bordel, de sentir le poids des origines.
Sansal n'épargne guère le régime dictatorial et corrompu de l'Algérie de l'indépendance, ni du monde du FLN d'hier et d'aujourd'hui. La critique sociale de l'Algérie contemporaine est acerbe, sans concession (les fonctionnaires, les hôpitaux, la corruption, les arrivistes qui font fortune…). Il y a parfois de longues phrases d'une page, mais pertinentes et qui passent bien, lorsqu'elles insistent sur un aspect particulier que l'auteur veut développer, pour convaincre ou saturer de détails explicatifs le lecteur. Pour parler des manipulations criminelles entre le pouvoir et les islamistes, BS écrit « on jetait le cadavre dans le jardin du voisin et on s'en lavait les mains ». Il y a des références à des personnages connus (Camus, Bouteflika qui n'est évoqué que par le surnom de « président Abdelaziz 1er »), des points de vues bien balancés (sur la guerre d'indépendance, les islamistes, l'antisémitisme de la société algérienne), des réflexions plus philosophiques ou distanciées sur la vie, la mort, l'amour fraternel…
En bref, un vraiment TRÈS BON roman, qui donne envie, après « le village de l'Allemand », et malgré « petit éloge de la mémoire », de poursuivre la lecture de BS.

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