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Critique de Fortuna


Alors que le narrateur Yazid a rassemblé ses frères et soeurs autour de sa mère mourante à Paris, une voix lui murmure de retourner rue Darwin. Rue Darwin à Alger c'est la rue de son enfance après qu'il a quitté le village et le clan de la grand-mère Djéda, maîtresse femme qui régnait sur des bordels aux quatre coins de l'Algérie et d'ailleurs et autour de laquelle grouillait tout une population de prostituées et de bâtards…A la fois mère maquerelle au grand coeur et femme d'affaire intraitable, elle avait bâti un empire menacé aujourd'hui par l'hypocrite religion…A Alger il a retrouvé une famille, sa mère adoptive, son beau-père et les petits. Mais le secret a été bien gardé, seules quelques paroles entendues ont fait leur chemin. Et devant cette femme qu'il est resté seul à soigner au pays, ses autres enfants étant parti en France, au Canada ou ayant cédé aux sirènes de l'islamisme, il s'interroge sur ses origines. Et se lance sur les traces du passé.

Et il va découvrir ce qu'au fond de lui il savait déjà…Issu de deux univers incompatibles que seule l'amitié de sa mère et de Farroudja a tenu unis par un fil ténu, né dans un monde disparu, il analyse avec amertume la dérive de son pays après l'indépendance. Loin de gagner en liberté, ce dernier s'est au contraire enlisé dans les voies du marxisme puis de la religion, la guerre civile en permanence, laissant partir ses enfants vers des destinations plus attractives et patauger les autres dans la misère et le ressentiment. Avec une lucidité non dépourvue d'humour, Boualem Sansal nous conte le périple de cette famille atypique mais révélateur de l'évolution d'une Algérie qui s'est peu à peu fermée à toute ouverture, toute forme de tolérance, se repliant sur ses archaïsmes et la corruption. Mais malgré un constat plutôt pessimiste, on sent son attachement pour cette terre qui possède une histoire plus riche et cosmopolite que certains voudraient le faire croire.
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