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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Dieu, si tu existes et que par hasard tu te promènes sur Babelio ou sur les blogs de lectures, ne lis pas ce roman de Saramago, cet hérétique (d'après le Vatican), car tu t'en prends plein la gueule. Ou alors, si tu es beau joueur et intelligent (quod non, d'après l'auteur précité), lis-le et tu sauras alors que ton piédestal, bâti sur la crédulité (pardon, la croyance) millénaire d'un peuple d'âmes égarées dans le désert, n'est, pour certains mécréants, pas plus stable ou plus solide qu'un pouf rempli de granules de polystyrène. Car, Dieu Tout-Puissant, il en existe, des gens qui osent te contester, te contredire, te désacraliser et même te ridiculiser. A ce jeu-là, le « jeune » Saramago dont je te parlais, est plutôt doué. Il nous emmène en balade à travers l'Ancien Testament, sur les pas de Caïn. Caïn, tu te rappelles, c'est celui que tu as condamné à une errance éternelle après qu'il ait tué son frère Abel, par dépit et jalousie, parce que tu avais préféré les offrandes de ce dernier. Et tu vois, la différence ici par rapport au canon biblique habituel, c'est que l'auteur prend parti pour Caïn, qui est pourtant le premier assassin des Ecritures. Mais voilà, ce brave Caïn est en l'occurrence posé en victime d'un Dieu mesquin et pas miséricordieux pour un sou, qui a ses petits chouchous, et tant pis pour les autres. De plus, Caïn est présenté comme un homme intelligent, qui pose un regard lucide sur les agissements irrationnels d'un Dieu qu'il se permet même de contredire. On est donc loin de la créature soumise et dévouée à son maître.
A travers ses déambulations spatio-temporelles, Caïn assiste aux épisodes de Babel, Jéricho, Sodome, du Veau d'Or, et rencontre Abraham, Job, ou Moïse. A certaines occasions, il interviendra, parfois par hasard, pour atténuer ou même contrecarrer les plans de Dieu, mais le plus souvent, il ne pourra que contempler le désastre de massacres autorisés ou voulus par celui-ci. Toujours il s'interroge et se révolte contre le comportement insensé d'un Dieu rancunier et caractériel. Et quand arrivera le Déluge, Caïn décidera que « L'histoire est terminée, il n'y aura rien d'autre à raconter ».

Je n'avais jamais rien lu de Saramago, et voilà que je le découvre avec son dernier roman, publié alors qu'il avait 87 ans.
Passé l'obstacle d'une écriture qui défie la ponctuation et se joue des majuscules, on est embarqué dans une relecture iconoclaste de l'Ancien Testament dans laquelle, entre l'humour sarcastique et des scènes carrément désopilantes, sont posées des questions vertigineuses : pourquoi l'homme a-t-il créé Dieu, qui lui-même a créé l'homme à son image ? Pour justifier sa propre méchanceté, ou pour inventer un bouc émissaire pour la racheter ? Si l'homme est mauvais, est-il à l'image de Dieu ? Et si Dieu est bon, pourquoi l'homme est-il mauvais ? Et pourquoi agit-il alors parfois en son nom ? Est-ce parce que Dieu est mauvais que certains ne croient pas en lui ? Etc...
Contrairement à ce que disait Caïn à la fin du roman, je ne pense pas que « l'histoire est terminée »...
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