Le livret de
la Flûte enchantée, c'est la magie de la langue allemande en musique, traduisant ainsi l'intuition géniale de Mozart (initiée avec l'Elèvement au sérail) qu'il devrait offrir au peuple de Vienne la plus divine des musiques. Initiatique, maçonnique, sans aucun doute, mais peu m'importe. Dans ces chroniques consacrées au livre, je choisis de ne retenir que la langue, transfigurée par la musique de Mozart. Mais loin de moi l'idée que seul Mozart pouvait transformer l'allemand en la plus belle des langues. Car elle l'est, ou du moins n'a pas à rougir de la comparaison avec ses voisines plus chantantes. Mozart n'a fait qu'en révéler la grande poésie, comme Schubert le fera avec le lied. Dans la flûte, les grands moments de rage (la reine de la nuit), d'intime questionnement (Tamino) ou de fantaisie loufoque (Papageno) s'appuient sur des mots remarquables. Dies Bildnis ist bezaubernd schön.