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Critique de Levant


Levant
11 septembre 2015
Cet ouvrage de Bernhard Schlink est tout simplement magnifique.
L'adolescence n'est pas seulement le temps des questions, le temps de l'incommunicabilité avec ses géniteurs. L'adolescence est aussi le temps de l'impatience, des outrances, du besoin d'exclusivité, de toutes les témérités. Pourtant derrière la façade de l'immortel qui dévore la vie, se terre la plus grande naïveté. Mickaël, jeune Allemand du lendemain de la guerre, n'échappe pas à cette fatalité lorsqu'il fait la connaissance de celle qui va l'ouvrir à la sensualité. Les confidences impossibles aux proches les plus intimes se dirigent vers les plus étrangers à sa vie de tous les jours. Hanna est une femme mûre. Elle guide Mickaël sur le parcours initiatique de la sexualité.
Elle n'oppose à Mickaël qu'une contrepartie à l'assouvissement de sa soif de plénitude : qu'il lui lise des livres. Peu importe lesquels.
Il n'y voit qu'une fantaisie de la passion. Il le conçoit comme la maigre compensation de la gloire qui fait de lui un homme. Il triomphe de son emprise sur la femme et, dans son aveuglement fébrile, n'y décèle rien d'insolite.
La contrepartie est bien entendu plus large qu'il ne peut l'imaginer.
La disparition d'Hanna le fera tomber de son piédestal.
Le temps passe et fait son oeuvre dans le mûrissement des consciences.
Jusqu'au jour où Hanna refait surface dans les circonstances qui ouvriront Mickaël à un autre stade de sa maturité. Il s'ouvrira alors la complexité de la nature humaine.
Mais ce thème central n'est pas le seul qui donne à méditer dans cet ouvrage. Il y a aussi une cruelle réflexion sur l'héritage par les générations descendantes d'un passé honni. On parle ici de l'Allemagne nazie.
En compensation de la férocité de la vie, cet ouvrage nous rappelle à une autre forme de sensualité, tout aussi palpitante, que l'on confirme s'il en était besoin en lisant ceci : "Son regard parcourait les rayonnages de livres qui couvraient les murs comme si elle avait lu un texte. Puis elle s'approcha d'un rayon et, à hauteur de sa poitrine, passa lentement l'index de sa main droite sur le dos des volumes, d'un bout à l'autre, continua de même au rayon suivant, livre après livre, tout autour de la pièce. Elle s'arrêta à la fenêtre, tournée vers l'obscurité, regardant le reflet des rayonnages et son propre reflet."
Une sensualité qui, à l'égal de la découverte du corps de la femme par le jeune homme, naît de l'imaginaire, se concrétise dans le toucher, en aboutissement d'une quête fébrile.
Il est alors clair que rien ne remplacera l'effeuillage d'un livre comme rien ne remplacera celui du corps de l'être convoité.
Le liseur est un ouvrage qui nous pousse dans les derniers retranchements de nos émotions. Il fait partie de ces ouvrages qui exaucent notre soif de volupté. Avec la certitude de le rouvrir un jour prochain.
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