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Critique de le_Bison


Quatre du matin, c'est l'heure où je découvre ce livre, sortant nu de sous la couette (précision pour mon fanclub féminin qui aime les grosses bêtes à poil). Je me regarde, beurk, et je vois le gros qui sommeille en moi. Pas sûr que « sommeille » soit le verbe exact puisque je suis réveillé, allongé sur mon canapé aux couleurs automnales, ton « taupe ». Je me taperai bien une bière, à défaut d'autres plaisirs, peut-être que ça fait grossir la bière, mais si peu. Bref, je ne vais pas m'allonger plus longtemps sur le divan, puisque c'est un canapé, et que je tourne les pages de ce roman guère plus léger qu'un sumo qui ne pouvait pas grossir. Je découvre pour la première fois Eric-Emmanuel Schmitt, il faut bien une première fois, tu te souviens de ta première fois… N'hésites pas à venir t'allonger sur le divan pour me parler de ta première fois, je suis tout ouïe, j'écoute, je parle pas, mais j'écoute.

Voilà donc un vieux qui, sourire aux lèvres, jambes flageolantes, odeur de naphtaline, dis au petit Jun « Je vois un gros en toi ». Putain, mais Jun, c'est moi ! Parce que c'est vrai que je suis gros. Surtout devant le miroir, ô mon beau miroir, si bien que j'enlève mes lunettes pour ne pas voir ce que je vois. Jun, un être presque asocial qui a du mal à se sentir à l'aise dans la collectivité. Putain, mais Jun, c'est moi ! Jun, un ado qui erre dans les rues de Tokyo, à vendre des revues pornos ou des canards en plastique pour le bain qui a beaucoup émoustillé la blonde amarrée aux mots, à en faire frétiller, nul doute, son majeur tout en élevant sa spiritualité bouddhique devant l'autel de ses seins, saints coin-coin. Jun, un type qui méprise sa putain de vie, autant que ma putain de vie.

D'ailleurs, les sumotoris me fascinent, ce mélange de graisse et de force physique, ce sex-appeal qui fait tourner les têtes des jeunes et émoustillantes japonaises, le kimono à demi-ouvert. Rien que pour ça, je me serais bien vu en sumotori. le sumo, entre sport et spiritualité, des traditions ancestrales dans un monde connecté si moderne, des règles simples mais un tel respect, du lieu, des autres, des Dieux. Mais le sumo n'est qu'une excuse pour parler confiance en soi, pour évoquer la voie à prendre dans sa vie, les chemins de traverse au détour d'une putain de vie. Un peu de bouddhisme, un peu de zen, une bière, une belle nuit de lecture.

Cinq heures du mat, Paris s'éveille, les poubelles s'amoncellent, le dernier métro de Tokyo a vu ses passants éméchés s'engouffrer pendant que la ligne 13 prend du service. Dans quelques minutes, je plongerais à nouveau dans le sous-sol métropolitain, il me reste une heure de sommeil, mon premier roman d'EES achevé. Une fois démarré, je n'ai pu le lâcher. Mine de rien, un inconnu que tu croises dans la rue et qui te traite de gros, ça fait réfléchir à ta putain de vie. Et si je sortais maintenant, profiter de cet instant de répit où je me retrouve seul, avec la lune, avec le silence. Et si je me taisais…
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