Samedi 27 mai, 5 heures de l’après-midi
Nous venons d’être témoins d’un spectacle épouvantable. Suspendue dans le vide, nous avons aperçu une malheureuse dont la vie ne tenait plus qu’à un fil. Aussitôt, nous sommes allés trouver le commandant en le suppliant d’intervenir. Mais à peine a-t-il jeté un coup d’œil vers la femme que sa voix s’est faite rassurante.
-Oh, ce n’est que ça… Ne vous en faites pas pour elle ! Il doit s’agir d’une publicité spectaculaire pour un nouvel appareil, un aspirateur, une cireuse, quelque chose de ce genre…
-Une publicité… ?
-Oui, les habitants de Brüsel sont friands de ce genre de performances. Ici, tout est toujours impressionnant !
Sa réponse nous a d’abord apaisés. A la réflexion pourtant, je ne suis plus si sûr de le croire. Un spectacle publicitaire ? Mais alors, pourquoi n’y avait-il que cet homme et son chien pour l’observer ? Et puis, cette femme paraissait vraiment terrorisée. Une actrice aurait-elle joué son rôle de façon si convaincante ?
- Ca y est ! Enfin nous sommes partis. Vers sept heures ce matin, le sinistre vent d'ouest qui nous empêchait de décoller depuis cinq jours a commencé à se calmer.
Cette nuit, alors qu'enfin nous prenions un peu de repos, serrés les uns contre les autres dans la salle à manger, je me suis réveillé en sursaut en lançant d'une voix forte :
- Midi vient de sonner : Charles Quint dans la tente a limé son ministre !