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Critique de Sachenka


Les boutiques de cannelle, c'est un recueil de nouvelles mais il pourrait facilement constituer un roman. C'est que l'auteur, Bruno Schulz, fait revivre une année de son enfance à travers des souvenirs épars. Chaque nouvelle met l'accent sur un élément ou un thème en particulier mais l'ensemble suit une logique quelconque (à défaut d'être chronologique). Mais est-ce complètement autobiographique ? Sa biographie va en ce sens mais le jeune narrateur se fait habituellement appeler Joseph et je n'ai pas réussi à résoudre cette énigme.

Dans tous les cas, tout y passe. On découvre son père Jacob, sa mère, sa fratrie, la fidèle servante Adèle ainsi que les pensionnaires des innombrables chambres dans l'édifice que la famille possède. En effet, le père tient une boutique, non pas de cannelle mais de draps et de tissus, qui donne sur la place du marché dans une petite ville de province, Drohobycz. (Bien que ses habitants soient Polonais, la ville et toute la région de Galicie faisaient alors partie de l'empire austro-hongrois.)

Tout ce beau monde mène une vie bourgeoise au début du 20e siècle. Toutefois, avec le temps, les promenades à la campagne se font de plus en plus rares et les visites tout autant. Alors, le père se lance dans des improvisations de plus en plus fréquentes. Il lance des sermons à droite et à gauche, à ses enfants, aux pensionnaires, aux clients et même à des passants sur la place du marché. Mais il sait aussi raconter de belles histoires, mélanger le réel et l'irréel. Son imagination captive les enfants mais quelque chose semble clocher.

En effet, tout cela n'est qu'un jeu pour les petits mais, au fur et à mesure que les nouvelles se succèdent, ces sermons et ces histoires qui égayaient se transforment en obsessions incohérentes, effrayantes. Il devient alors évident pour le narrateur (et le lecteur) que la santé mentale du père se dégrade. La folie le guette. L'univers de la petite ville de province se transforme subtilement en un cauchemar labyrinthique.

Ainsi, à travers les yeux du jeune narrateur, on vit la chute du père (et du dieu qu'il représente pour un garçon), la fin de l'enfance mais sans jamais tomber dans le larmoiement. Et tout n'est pas sombre, les mauvais moments sont toujours entrecoupés de meilleurs. Joseph va acheter des confiseries dans le nouveau quartier et découvre le tramway, son frère rapporte un train électroaimant, ils observent une comète dans le ciel, etc.

Je ne peux pas dire que le recueil Les boutiques de cannelle m'ait grandement marqué mais je suis content de l'avoir lu. C'est un recueil agréable à lire. Il donne un aperçu de ce à quoi pouvait ressembler la vie d'un garçon à cette époque, juste avant la Grande Guerre. C'est un témoignage d'une époque révolue…
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