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Critique de gavarneur


Si on n'en a pas lu à l'adolescence une version raccourcie, peut-on encore lire ivanhoé* à l'âge adulte ? Eh bien oui : je viens de le faire, et avec plaisir. Avec le genre de plaisir qu'on a à lire de la littérature « pour jeune adulte », qui ne prend pas la tête. Mais je ne recommanderais pas cette lecture à mes enfants : langue trop complexe, pages de dialogues trop pleins de sous-entendus et trop longs.
Je suppose qu'il n'est pas nécessaire de décrire la situation et la base de l'histoire, tout le monde a vu un film parlant de Robin des bois. ivanhoé est quand même plus complexe, avec nombre de jolis rebondissements. On y trouve les scènes typiques du roman médiéval moyen, elles sont toutes très réussies : tournoi, attaque du château fort, rencontre des hors-la-loi dans la forêt, ordalie... Et surtout une galerie de personnages saisissants, pas tous chevaliers au grand coeur et au bras fort.
Le plus effrayant est le templier religieux fanatique, dont les raisonnements hallucinés et la volonté meurtrière nous rappellent d'autres fous de dieu plus près de nous. La caricature de l'usurier juif rejeté par la société est sans doute dans l'esprit de l'époque où se situe l'action. Il me semble pourtant que ces pages assez imbuvables (avarice, dissimulation des richesses, hypocrisie, faiblesse de caractère) tiennent encore aux préjugés de l'écrivain et de son époque à lui.
L'attachement des serfs à leur maître, leur courage et leur loyauté, le sens de l'honneur des chevaliers, des brigands, et globalement de tous les personnages, traîtres compris - sauf quelques religieux - sont difficilement crédibles. L'invraisemblance permanente est une des limites du livre (le nationalisme saxon en est une autre), mais ces 700 pages s'avalent facilement, si on a l'habitude d'une langue trop classique. Et il y a des pointes d'humour.

Mais pourquoi l'ai-je ouvert ? J'ai voulu chercher les sources de Han d'Islande ; le jeune Hugo a certainement été nourri de Walter Scott, mais je devrai chercher ailleurs des oeuvres plus typiques du roman gothique, et en particulier essayer de mettre la main sur Bertram, de Charles Robert Maturin. En effet, malgré quelques culs de basse fosse, avec squelette, un revenant (vrai?), quelques allusions à orgie et parricide, le texte reste assez propre sur soi, ce qui m'a un peu déçu.

*Je me souviens de la première fois que j'ai entendu un britannique parler de Aïe vanne (h)où. C'est bien de notre chevalier qu'il s'agissait. Pas d'accent aigu sur le e, bien sûr.
Je précise que je n'ai sans doute pas lu la traduction de Dumas mais une édition (XIXe siècle?) reliée mais sans date, ni éditeur, ni traducteur. Ah, les bouquinistes béarnais !
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